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en voie de fermentation réagissent sur ce sulfate, lui empruntent son oxygène, et le réduisent en un sulfure de calcium qui laisse facilement exhaler du gaz hydrogène sulfuré ; d’un autre côté, il abandonne du carbonate de chaux à la terre. Ces réactions sont doublement favorables, soit en fournissant par le gaz sulfhydrique le soufre indispensable au développement des matières azotées, notamment de l’albumine prédominante dans les légumineuses, soit en offrant aux radicelles des plantes du carbonate de chaux très divisé, non moins utile à la constitution des tissus. Sur les terres exposées à une humidité constante et excessive, les effets du plâtre sont défavorables à la végétation ; on le comprendra si l’on se rappelle ce qu’on a lu plus haut des incrustations produites autour des radicelles par les eaux trop chargées de carbonate de chaux. Les quantités de plâtre les plus favorables varient, suivant les terrains, entre 200 et 500 kilos par hectare ; l’expérience seule peut, en chaque localité, offrir un guide certain à cet égard. On ne renouvelle guère le plâtrage qu’à des intervalles de six à dix ans. Il est évident qu’un excès de sulfate de chaux qui s’accumulerait dans les terres cultivées serait en tout cas nuisible.


III. — LES OS ET LE PHOSPHATE CALCAIRE. — EXPLOITATION, GISEMENS, EMPLOI.

Un autre engrais inorganique d’une utilité plus générale attire en ce moment l’attention des agriculteurs. Il y a quelques années, plusieurs savans chimistes avaient sur ce point excité une sorte de panique parmi les agronomes de la Grande-Bretagne. Il ne s’agissait de rien moins, vers 1845, que d’établir, par des calculs sérieux, la réalité d’un appauvrissement du sol dans le royaume-uni, tel que bientôt il devait être frappé d’une stérilité effrayante. On citait comme exemples certaines cultures appauvries des colonies inter tropicales et de plusieurs localités d’Europe et d’Asie. Toute cette agitation reposait principalement sur ce fait : chaque année, les récoltes de froment enlèvent aux terres plusieurs composés minéraux qui ne leur sont jamais complètement restitués ; ces terres, par conséquent, pouvaient devenir, dans un avenir peu éloigné, insuffisantes pour la nutrition végétale. Cette appréhension durait encore en 1850, et j’ai pu en observer les effets durant un voyage agricole que j’avais mission d’accomplir en Angleterre : elle avait amené, par l’exagération de son principe même, quelques bons résultats, mais en même temps occasionné bien des mécomptes et quelques désastres individuels.

On avait signalé avec raison les déficits qui se produisent dans les agens minéraux de la fertilité du sol, mais on s’était préoccupé trop exclusivement sans doute de mettre ces agens à la disposition des