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res comme à toutes les richesses dont la nature a doté notre sol si varié.

J’essaierai d’indiquer quelques points où ce qui existe aujourd’hui en Italie aurait nécessairement à subir une grande et sérieuse transformation. L’état, administrativement parlant, pourrait avoir quatre degrés : 1° l’autorité municipale ; 2° l’autorité ou le gouvernement spécial de chaque subdivision provinciale ; 3° le gouvernement général des grandes provinces telles que Lombardie, Toscane, Piémont, Emilie, Ligurie, Sardaigne. etc. ; 4° enfin le gouvernement central, ou le conseil des ministres sous l’autorité du roi. Commençons par l’autorité municipale. La commune, qui est après la famille l’association la plus naturelle, est en quelque sorte le fondement de toute vraie liberté. Les pays où les privilèges communaux existent fortement organisés sont les seuls dont on puisse dire qu’ils ont un gouvernement libre, plus encore l’esprit de la liberté. Or il faut, pour le développement et la conservation des libertés communales, que la majorité des hommes possède à un degré suffisant des qualités de caractère, de jugement, de dignité personnelle, qu’il n’est pas facile de rencontrer, surtout dans de très petites localités. Pour que ces institutions puissent se défendre contre la tendance qu’aura toujours le gouvernement central à les absorber, il faut qu’elles soient entrées depuis longtemps dans les mœurs de la population. Personne, je pense, ne contestera aux Italiens le privilège d’avoir toujours conservé au milieu de toutes leurs vicissitudes le goût et l’esprit des institutions municipales, de sorte que tout ce qu’on peut faire de mieux pour organiser la liberté en Italie se réduit à féconder les germes qui existent déjà dans les institutions. Pour se convaincre de ce qu’il y a de vrai en ceci, il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé dans ces derniers temps et ce qui se passe maintenant encore dans les Romagnes. Ces populations, qui ont éprouvé pendant près d’un demi-siècle tous les effets d’un mauvais gouvernement, jouissent aujourd’hui en paix, malgré l’agitation politique générale, des nouvelles institutions. Ce résultat, très remarquable assurément, est dû à l’influence des anciennes lois provinciales et municipales, et aux habitudes qui se sont formées dans la population. La loi. communale, édictée par M. Rattazzi le 23 octobre 1859, et surtout celle que M. Ricasoli a promulguée en Toscane le 31 décembre, ont montré chez ces deux hommes d’état une intelligence supérieure des vrais besoins de l’Italie et des principes qui doivent dominer désormais dans la réorganisation intérieure de la péninsule. Lorsqu’un jour, et Dieu fasse qu’il ne soit pas éloigné, le parlement s’occupera des lois organiques de l’état, on prendra certainement comme point de départ les deux actes législatifs dont je viens de parler.

Le premier point qui doit attirer l’attention dans toute loi municipale nouvelle, c’est la circonscription territoriale de nos communes. En parcourant le tableau qui fait suite à la loi de M. Rattazzi, on trouve un assez grand nombre de communes qui ne comptent pas mille âmes ; beaucoup n’en ont que deux ou trois cents. Il en est à peu près de même de la Toscane et de l’Emilie. On aperçoit tout de suite la difficulté qu’il y a à former un conseil, une administration municipale, dans de si petites localités. Le choix du maire est encore plus difficile, ce qui fait qu’on est obligé ou de