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tés du dehors, soit par les insectes qui s’y posent, soit par le vent, soit par la pluie. Lorsqu’on trouve des êtres vivans dans l’intérieur des animaux, ils ont été aussi, eux, leurs ovules ou leurs parens, absorbés dans les alimens ou dans l’air que nous respirons. Le rayon de soleil qui rend apparente la poussière qui souille l’air le plus pur démontre combien ces faits sont possibles, et aussi quelles sont les difficultés de l’observation. On croit prouver par des expériences qui semblent bien faites que toutes les fois que la substance employée est débarrassée de tout germe, que l’eau a été bouillie, que l’air a traversé des milieux qui l’ont purifié, aucun animal ne se développe, et que la décomposition a lieu sans apparition d’êtres vivans. La conclusion n’est pas douteuse, et il est difficile de ne pas se rendre à ces faits et à l’analogie qui nous conseille de croire que ce qui est vrai des uns est vrai des autres. C’est dans cet état que M. Pouchet a trouvé les choses, lorsqu’après avoir publié un livre couronné par l’Académie des Sciences, et qui devait le mettre sur la voie dans laquelle il s’est franchement engagé, il a commencé ses expériences, communiqué des mémoires à l’Académie, et enfin publié l’ouvrage dont nous voulons dire quelques mots.


II.

Il est facile de voir que l’expérience fondamentale des hétérogénistes est toujours exposée à cette objection : que les matières employées n’étaient pas exemptes de germes ou de graines, que les substances n’étaient pas purifiées dans les cas où l’animalisation a eu lieu, tandis que dans le cas contraire elles l’étaient parfaitement. C’est un peu comme ces médecins qui disent que le choléra est toujours mortel, et répondent, lorsqu’on leur cite des gens qui ont survécu aux atteintes du terrible fléau, que ces personnes n’avaient point le choléra véritable, puisque le choléra véritable tue infailliblement. L’objection est d’autant plus forte que chacun convient que ces cas de stérilité ne sont pas rares, et on en donne cette seule raison que probablement alors ces matières organiques, cet air ou cette eau, étaient impropres au développement spontané des infusoires. Aussi doit-on faire grande attention à cette observation, la première de toutes : les infusoires, les animalcules, microzoaires, protozoaires, comme on voudra les appeler, car les distinctions entre ces noms sont ici peu importantes, varient extrêmement, ne sont même jamais de nature identique. Ils changent avec la substance employée. Deux infusions d’espèce différente, placées l’une à côté de l’autre, dans le même laboratoire, durant le même temps, offrent deux faunes parfaitement distinctes. Le foin ne se comporte pas comme