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Mississipi, du Texas, de la Louisiane, de la Floride et de l’Alabama, conduites par deux sénateurs, MM. Slidell et Yancey, se déclaraient résolues à faire échouer à tout prix M. Douglas; celles de la Caroline du sud et de la Géorgie n’étaient guère moins ardentes: les délégués des états voisins du centre, Missouri, Tennessee, Kentucky et Maryland, étaient fort divisés. A Charleston même, l’opinion publique se montrait fort irritée contre le nord, et une véritable pression était exercée sur les délégués par la population et par les nombreux curieux accourus de tous les points du sud.

Les amis de M. Douglas étaient désireux d’en venir aussitôt que possible au scrutin. Ils comptaient sur l’effet moral que ne pouvait manquer de produire le grand nombre de voix obtenues par leur candidat dès le premier tour; ils s’attendaient à ce que deux autres candidats seraient présentés, un modéré par les états du centre et un exalté par les états extrêmes, et à ce que les amis du premier, reconnaissant au bout de quelques scrutins l’impossibilité de le faire prévaloir, se rabattraient sur M. Douglas et lui donneraient la majorité des deux tiers ; quant à la majorité absolue, ils s’en croyaient certains dès le premier tour. Toutefois les exaltés ne se souciaient aucunement de constater par un scrutin leur infériorité numérique et de laisser à M. Douglas les chances d’un ballottage. Ils déclarèrent qu’ils n’avaient de candidat ni pour la présidence ni pour la vice-présidence, qu’ils ne demandaient ni l’une ni l’autre de ces deux nominations, mais qu’il leur fallait des garanties sérieuses pour les intérêts du sud. On leur avait fait adopter en 1856 une candidature de transaction en leur promettant merveilles, et toutes les questions politiques avaient été tranchées contre le sud ; ils ne voulaient plus être joués ainsi. Que le nord fît choix pour candidat d’un homme du sud, ils s’engageaient d’avance à l’accepter, quel qu’il fût, avec le programme de 1856 ou même sans programme; mais à défaut d’un candidat dont la personne serait à elle seule une garantie suffisante, ils exigeaient un programme net et sans équivoque, qui donnât explicitement satisfaction à toutes les inquiétudes et à tous les griefs des possesseurs d’esclaves. Les amis de M. Douglas ne pouvaient agréer une proposition qui eût frappé d’exclusion leur candidat. Les exaltés demandèrent alors et obtinrent que, suivant l’exemple des conventions antérieures, on procédât, avant tout scrutin, à la rédaction d’un programme.

Ce premier point gagné, les adversaires de M. Douglas visèrent à rendre la rédaction du programme inacceptable pour leur adversaire, afin de le contraindre à faire défection. Les délégations du sud donnèrent pour instructions à leurs représentans dans le comité de rédaction de prendre pour base les résolutions présentées au sé-