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mocratique dans les états dont le vote électoral sera certainement acquis à la démocratie en novembre prochain. Lutter contre un fait pareil ne pourrait aboutir qu’à sa ruine politique. »


L’Enquirer de Cincinnati, un des principaux journaux démocratiques du nord, s’empressa de répondre à la Constitution que l’échec était pour ceux qui avaient voulu dénaturer le symbole du parti, et n’avaient pu y parvenir ni par force ni par intrigue. On avait acquis la preuve que le parti ne consentirait jamais à laisser introduire dans son programme u cette misérable hérésie, que les citoyens d’un territoire n’ont pas le droit d’exclure l’esclavage, si telle est leur volonté, et que le congrès a pour devoir de le leur imposer dans ce cas par une loi formelle. »


« Quant à M. Douglas, continuait l’Enquirer, le candidat et le favori du peuple, quoiqu’il ait eu à lutter contre l’opposition ouverte et combinée de tous les autres prétendans à la présidence, de l’administration et des séparatistes du sud, il a reçu pendant plus de cinquante scrutins les trois cinquièmes de tous les votes émis. Il a obtenu 152 suffrages, tandis que les autres candidats ensemble n’en réunissaient pas 100 : il a eu la majorité absolue de la convention, même si tous les états avaient été présens et avaient voté. On n’a pu empêcher sa nomination que par l’adoption d’une règle qui exigeait les quatre cinquièmes des votes pour rendre un choix valable. Si l’on considère la force et la puissance de tous les élémens combinés contre lui, c’est assurément là un des triomphes personnels les plus extraordinaires que jamais homme ait remporté. Si les hommes politiques qui siégeaient dans la convention avaient fidèlement représenté la volonté du peuple, M. Douglas aurait été nommé unanimement au premier scrutin. Il nous paraît impossible que la convention, lorsqu’elle se réunira de nouveau à Baltimore, ne tienne pas compte d’un pareil fait et en méconnaisse la signification. »


C’était aussi l’avis de l’Union de Bangor et de l’Argus d’Albany, deux feuilles influentes, l’une du Maine et l’autre du New-York, qui croyaient que l’ajournement profiterait à M. Douglas. La réflexion devait montrer aux hommes du sud qu’ils étaient allés trop loin, qu’en brisant le parti démocratique, ils ne faisaient qu’assurer le triomphe de leurs ennemis les républicains, et se désarmer eux-mêmes. Du reste, tous les journaux démocratiques du nord protestaient que les concessions étaient épuisées, et que le principe de non-intervention demeurerait le dogme fondamental du parti. « Abandonner ce principe, disait le Courrier de Buffalo, serait pire qu’un suicide ; ce serait le comble de la lâcheté, de l’abaissement et de l’ignominie. »

Le langage des feuilles du sud était loin cependant de trahir le moindre regret. Le Charleston Mercury reconnaissait que, si M. Dou-