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à voiles et 4 frégates à vapeur. La marine militaire tout entière ne porte que 904 canons. Énoncer de pareils chiffres, c’est démontrer l’urgence d’armemens nouveaux. La marine marchande se compose de 5,175 navires, dont 57 seulement sont à vapeur, et qui portent 349,753 tonneaux. Le district de Carthagène seul fournit 2, 720 bâtimens. Les équipages de tous ces navires marchands forment un chiffre de 81,177 marins de tout grade. Le cabotage espagnol présente en totalité 608,381 tonneaux. Il y a là les élémens d’une marine militaire importante, et l’on peut applaudir sans hésitation aux dépenses que le gouvernement applique soit à l’approvisionnement des arsenaux, soit à l’augmentation des bâtimens, puisque, toutes militaires qu’elles soient, ces dépenses ne méritent pas d’être appelées improductives. La marine militaire, qui protège la marine marchande, sert de stimulant actif à l’extension des relations commerciales que l’Espagne doit entretenir avec le monde entier, grâce à son littoral de quatre cent quatre-vingt-sept lieues d’étendue. Le relevé de la statistique commerciale publié en décembre 1859 constate les progrès du commerce espagnol depuis quelques années. En 1853, le produit du commerce d’exportation et d’importation n’était que de 1 milliard 570 millions de réaux; il s’élève graduellement jusqu’à 2 milliards 723 millions en 1857; l’année 1858 le voit retomber, il est vrai, à 2 milliards 475 millions, mais ce chiffre est encore supérieur de 325 millions de réaux à la moyenne des cinq années précédentes. Il n’est pas besoin d’insister sur l’action que l’accroissement de la marine militaire exercerait au profit exclusif du commerce fait sous pavillon national, lequel, dans le total de 1857, compte pour plus de 1 milliard 500 millions.

Si l’on peut souhaiter, au point de vue du progrès matériel, de voir les dépenses du ministère de la marine s’accroître encore, on n’en saurait dire autant des dépenses du ministère de la guerre, surtout de celles qui sont relatives au chiffre même de l’armée. Il y a quatre ans à peine, l’armée active espagnole ne dépassait pas cinquante mille hommes; on l’a vue portée au double lors des événemens survenus en Italie, et au moment de la guerre du Maroc elle atteignait presque le triple. Les cortès viennent d’adopter un projet de loi qui, pour l’année 1861, fixe le total de l’armée active à cent mille hommes. Sans doute, avec sa population, l’Espagne tiendrait facilement sur pied une armée plus considérable : le chiffre permanent de 170,000 hommes n’aurait rien que de conforme aux proportions ordinaires de l’armée avec la population d’un état; mais pourquoi l’Espagne ne profiterait-elle pas de la position privilégiée que lui a faite la nature? Péninsule, elle se trouve favorisée presqu’à l’égal de l’Angleterre. Le seul voisin dont les Pyrénées la sé-