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LEIBNITZ ET HEGEL
D’APRES DE NOUVEAUX DOCUMENS.

Parmi les philosophes dont le nom a conservé son prestige, il en est deux, Leibnitz et Hegel, qui semblent se disputer depuis quelques années les prédilections du public. Même avant 1846, époque du jubilé séculaire de Leibnitz en Allemagne, une foule de publications témoignaient déjà du redoublement d’intérêt excité par ce grand esprit. M. L’abbé Lacroix avait publié, M. Albert de Broglie habilement traduit et commenté le fameux Systema theologicum, où plusieurs aimaient à voir une profession de catholicisme, une sorte de testament religieux de Leibnitz converti. Les vues politiques du philosophe homme d’état, son plan offert à Louis XIV pour la conquête de l’Egypte, avaient piqué la curiosité. En 1846, M. Grotefend célébra dignement la fête de Leibnitz en publiant sa correspondance avec Arnaud, morceau capital pour l’histoire de la philosophie, et la même année ces lettres inestimables recevaient leur complément par les soins de M. de Rommel. Une heureuse émulation s’était emparée des savans. Sur les traces de M. Pertz, qui donnait les œuvres historiques de Leibnitz, et de M. Guhrauer, qui publiait les Deutsche Schriften, M. Gerhardt de Salzefeld se chargeait, pour sa part, des œuvres mathématiques du grand géomètre de Leipzig, le seul que l’Allemagne puisse opposer à Descartes et à Newton.

Jamais occasion meilleure ne s’était offerte à l’Académie des sciences morales et politiques pour mettre au concours la philosophie de Leibnitz. Aussi son appel a-t-il été entendu, et au lieu d’un