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LEIBNIZ ET BOSSUET

Œuvres de Leibniz, publiées pour la première fois d'après les manuscrits originaux par M. A. Foucher de Careil.

L’exactitude dans l’histoire littéraire est un des mérites de notre temps. De là ces recherches de manuscrits, ces révisions ou ces restitutions de textes, ces recueils de pièces inédites, de variantes inconnues, ces discussions chronologiques sur la composition et la recomposition des mêmes écrits, enfin ces éditions complètes et raisonnées qui fournissent désormais des matériaux incontestables et des bases solides à la critique des travaux de l’esprit humain. Aucun écrivain ne réclamait peut-être plus que Leibniz (j’écris son nom suivant l’orthographe plus correcte du plus récent éditeur) qu’on entreprît un nouvel inventaire des richesses inépuisables qu’il a laissées après lui. On sait que l’œuvre de Leibniz est presque toute fragmentaire. Dans les sciences où il est inventeur, à peine a-t-il, fait deux ouvrages qui soient vraiment des livres ; encore l’un d’eux, les Nouveaux Essais, a-t-il paru après sa mort. Il a disséminé sa pensée dans une foule de dissertations, de mémoires, de notes, de lettres, enfin d’articles détachés, dont les plus sommaires et les moins travaillés ne sont pas toujours les moins précieux, et quoique son esprit fût en soi éminemment systématique, quoiqu’il s’attachât plus qu’aucun philosophe à unir toutes les parties de la science humaine, et qu’il appliquât à toutes les questions les idées, les méthodes et les hypothèses de sa métaphysique, il a jonché la vaste carrière qu’il a parcourue de pièces et de morceaux qu’il faut ramasser