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L'ITALIE
DEPUIS VILLAFRANCA

II.
LE ROI FRANCOIS II ET LA REVOLUTION DE NAPLES.

Un des plus frappans caractères de cette révolution où l’Italie s’est précipitée, c’est que tout se lie invinciblement, tout procède de la même pensée, tout court au même but. Une fois déchaîné par la guerre, le mouvement s’accélère par la paix elle-même : maître de la Lombardie par la victoire et avec l’aide de la France, il se détourne et s’étend avec une brusquerie imprévue, s’arrête à peine à Florence et à Bologne comme pour se reconnaître et mesurer ses forces, va tournoyer bientôt autour de Rome enveloppée et isolée, s’élance enfin jusqu’en Sicile et à Naples avant de se replier encore une fois vers le nord, où il se retrouve en face des lignes muettes et sombres de l’Autriche attendant un nouveau choc, l’épée tendue, dans son camp retranché entre le Mincio et l’Adige. Le vieil instinct local, autrefois si vivace et si profond au-delà des Alpes, cet instinct remué et transformé par les événemens, semble se noyer en quelque sorte dans le sentiment plus vaste de la patrie italienne, et ce qu’on fait pour combattre ce mouvement ou pour le déjouer ne réussit qu’à l’enflammer en perdant l’un après l’autre les pouvoirs effarés qui cherchent leur sécurité dans la résistance. Ainsi vont s’effaçant ces autonomies qui ont eu leur raison d’être, qui ont été florissantes,