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française n’atteignait pas 165 millions de rentes, et la dette anglaise dépassait 600 millions de rentes ; aujourd’hui la dette française s’est accrue de plus de moitié et dépasse 315 millions de rentes actives, tandis que la dette anglaise s’est arrêtée au-dessous de son ancien chiffre. Et si l’amortissement n’avait pas fonctionné en France avec énergie, les deux dettes se rapprocheraient bien davantage.

L’Angleterre, au moment même où la France empruntait 2 milliards, n’a pas hésité à demander aux impôts les ressources extraordinaires des guerres de l’Inde et de la Chine et de la guerre de Crimée. Après avoir porté jusqu’à leur extrême limite les taxes de consommation[1], elle n’a pas reculé devant les impôts les plus impopulaires plutôt que de rejeter sur l’avenir les charges nécessitées par des événemens imprévus ou par les entreprises qui servaient les desseins de sa politique. Les gouvernemens libres puisent dans le concours de la nation la force nécessaire pour faire accepter de tels sacrifices. Lorsque les représentons du pays exercent la principale influence sur ses destinées, l’intérêt public reste le mobile des grandes entreprises, et cette certitude donne à tous le courage

  1. Sur un budget des recettes de 1 milliard 700 millions, plus de 1 milliard 100 millions sont, en Angleterre, le produit des douanes et de l’accise. Le timbre, les postes, etc., portent le total des taxes indirectes à plus de 1 milliard 400 millions, comme le montre ce tableau des prévisions pour 1860-61 :
    Douanes 580,000,000 fr.
    Accise 525,000,000
    Timbre 200,000,000
    Postes 85,000,000
    Impôt direct 80,000,000
    Impôt sur le revenu 280,000,000
    Recettes diverses 42,000,000
    Total 1,792,000,000 fr.


    Si l’on compare ce budget avec le budget français, on voit que ceux de nos impôts indirects qui correspondent aux douanes et à l’accise de l’Angleterre, c’est-à-dire qui portent principalement sur les objets de consommation, ne s’élèvent pas à 700 millions, au lieu de 1 milliard 100 millions, sur un total à peu près égal de 1 milliard 800 millions

    Douanes 143,000,000 fr.
    Sels 37,000,000
    Boissons 199,000,000
    Sucre indigène 48,000,000
    Tabacs 183,000,000
    Produits divers 50,000,000
    Total 660,000,000 fr.
    En ajoutant la dernière augmentation sur les tabacs, soit 30,000,000
    on arrive à 690,000,000 fr.


    La plupart de nos autres taxes indirectes n’ont aucun rapport avec les taxes indirectes anglaises, car le plus lourd fardeau des 310 millions de l’enregistrement et du timbre porte, chez nous, sur la propriété foncière.