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corps législatif de ces efforts persévérans. Je voudrais contribuer à les mettre en lumière par le rapprochement de preuves éparses aujourd’hui dans vingt volumes du Moniteur. Le corps législatif a fait, pour maintenir l’ordre et l’économie dans nos finances, presque tout ce qui lui était permis, ou du moins presque tout ce qui lui était possible. Ce n’est pas sa faute si ses efforts sont restés stériles ; ce n’est pas sa faute s’il ne peut exercer efficacement ses droits, en matière de finances, sans risquer de compromettre les intérêts mêmes qu’il veut défendre et de désorganiser le service par le rejet d’un budget tout entier.


V. — LE DECRET DU 24 NOVEMBRE.

Le décret du 24 novembre est-il destiné à inaugurer, pour le corps législatif, une ère nouvelle qui lui rende prochainement les droits que la constitution de 1852 lui a refusés ? C’est ce que nous dira l’avenir, car l’avenir seul fera connaître la véritable portée d’un acte si diversement interprété. Accueilli avec une ardeur un peu vive peut-être par quelques-uns de ceux qu’il a le plus surpris, commenté avec trop de froideur, il faut l’espérer, par cette partie de la presse où le public est habitué à chercher des inspirations officielles, le décret du 24 novembre en lui-même, et de quelque façon qu’on le juge aujourd’hui, est incontestablement un acte important. Soit qu’il ne marque qu’un premier pas dans une voie nouvelle, soit qu’il doive être suivi d’une longue halte avant une seconde étape, soit enfin qu’il ne fasse briller à l’horizon qu’une lueur passagère, l’attente réservée, mais non indifférente, semble l’attitude naturelle de ceux chez qui la confiance ne peut naître si rapidement.

Je n’ai eu encore à examiner le décret du 24 novembre que dans son influence sur le vote des lois et des budgets, et je crois avoir suffisamment prouvé que ses conséquences directes, nulles pour les budgets, étaient de peu de valeur pour la discussion des lois. Si j’aborde, en terminant, un ordre de considérations plus générales, je le ferai sans sortir de la réserve que commande un si grave sujet.

Après tant de reproches (dont quelques-uns n’étaient pas sans fondement) adressés aux luttes oratoires, il aurait pu sembler plus naturel de rétablir les assemblées délibérantes dans leurs droits sur le règlement des intérêts que de leur restituer la faculté de faire des discours sur des questions générales dans des occasions solennelles. L’émancipation, commencée par le côté le moins brillant,