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mélangé. Si elle n’a pas modifié ses fours et sa méthode principale, c’est que tous les essais ont démontré qu’il n’y avait rien de plus convenable pour les minerais du Harz. Aujourd’hui le dédale souterrain des mines de Clausthal et de Zellerfeld est épuisé à l’aide d’une grande galerie d’écoulement (Georg stollen)[1] qui a près de trois lieues de longueur et va aboutir à Grund, sur les confins occidentaux du Harz. Cela n’empêche pas que, pour ouvrir aux mines un nouvel avenir et obtenir l’écoulement des eaux à un niveau encore plus profond, et par conséquent en utilisant moins de force mécanique, on ne construise aujourd’hui une nouvelle galerie, nommée Ernest-Auguste, à 100 mètres au-dessous de l’ancienne. Ce tunnel aura 20 kilomètres de longueur, et on espère l’achever en 1875, après vingt-cinq ans de travaux. L’école des mines de Clausthal est depuis longtemps un centre scientifique important. Des élèves y viennent de toutes les parties de l’Allemagne et même de l’étranger. Pendant l’hiver, enfermés dans les neiges sur le plateau solitaire de Clausthal, rien ne les distrait de leurs études. En été, la monotonie de leur existence n’est interrompue que par de rapides excursions dans les pittoresques vallées du Harz et par des visites aux petites villes placées sur la lisière de la montagne et de la plaine. À Ocker par exemple, ils vont visiter la plus grande fabrique d’acide sulfurique qui existe dans toute l’Allemagne. Cette petite ville d’Ocker, où l’on traite les minerais sortis du Rammelsberg, se trouve à l’extrémité de l’admirable vallée qui porte le même nom.

C’est dans ces curieuses villes du pourtour de la chaîne que la vie du Harz se montre sous un nouveau caractère. Servant de trait d’union entre la plaine et la montagne, elles vivent principalement du commerce de détail, et profitent aussi du passage des nombreux voyageurs qui vont visiter le Harz. La plupart sont en même temps des villes de bains et des lieux de plaisance très fréquentés par les habitans du nord de l’Allemagne, qui ne sont pas assez riches pour aller jusqu’aux Alpes ou pour voyager sur les bords du Rhin. Elles ont un air de bien-être et de prospérité tranquille qui contraste avec la sévérité des montagnes. Non loin d’Ocker, le seul de ces villages qui diffère d’aspect, à cause de ses établissemens insalubres, enveloppés d’acres vapeurs vitrioliques, est la petite ville de Harzburg, ancienne résidence impériale. Là s’ouvre la belle vallée de la Radau. Je me souviens encore d’une promenade faite au sommet d’une colline qui domine cette petite ville. Devant moi s’étendait la plaine allemande

  1. Le niveau d’écoulement est à 248 mètres de profondeur dans les mines Dorothée et Caroline. La galerie George est navigable et a coûté 1,545,532 francs ; elle a été construite de 1777 à 1799.