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comme le reste du monde, nous ayons l’espoir que ce nouveau gâteau donné à l’Italie la contiendra dans ses bornes pendant au moins, une année, et l’empêchera de risquer la paix de l’Europe dans un conflit avec l’Autriche.

Quand les chances de la paix augmentent en Italie, diminueraient-elles du côté de l’Allemagne ? On. a paru le craindre un moment en assistant aux difficultés qui assiègent l’Autriche en Hongrie et qui pouvaient donner naissance à une guerre de nationalités ; on l’a redouté, à lire certains passages des harangues prononcées par le roi de Prusse à son avènement ; on l’a supposé en voyant renaître entre l’Allemagne et le Danemark, cette fatigante querelle du Holstein, qu’il n’a jamais été possible de faire comprendre au public. Ces appréhensions se sont calmées ou vont se dissipant. L’agitation hongroise, paraît-il, saura se contenir dans les limites légales, et se transformera en lutte parlementaire quand la diète sera réunie. Mieux éclaircies, les paroles du roi de Prusse ont paru s’appliquer aux menaces de révolutions et d’insurrections de nationalités plutôt qu’à des perspectives de guerre européenne. La question holsteinoise elle-même ne paraît pas devoir entraîner de complications bien graves : elle se décompose en deux questions, la question du Holstein et du Lauenbourg et la question du Slesvig. Le Holstein et le Lauenbourg font partie de la confédération germanique ; le Slesvig est en dehors de la confédération. Il s’ensuit qu’il y a matière à compromis entre l’Allemagne et le Danemark. Celui-ci peut résister avec fermeté aux ingérences de l’Allemagne dans le Slesvig, et il peut en même temps faire preuve de modération en ne résistant point, sur le différend holsteinois, à la juridiction fédérale. On peut donner amicalement ce conseil au Danemark, car le Holstein appartient non-seulement au roi de Danemark, mais il appartient à la fédération germanique ! Le peuple danois doit demeurer étranger aux différends qui s’élèvent entré son roi, duc de Holstein, et la diète de Francfort, sur les questions relatives au gouvernement intérieur du duché, il est vrai qu’entre le Holstein et le Slesvig il existe des communautés d’intérêts et d’institutions, et qu’il est difficile de, modifier l’administration d’une de ces provinces sans que l’autre en soit affectée. Il est vrai encore que le Danemark, gouvernement et nation, est libéral, tandis que le parti qui se plaint dans le Holstein et le Slesvig est un petit parti féodal de hobereaux : il est vrai qu’à ce titre le Danemark est digne des sympathies des nations occidentales ; mais on ne peut aller au-delà du témoignage de ces sympathies, quand le roi de Danemark est lié, comme duc de Holstein, par des traités et une loi fédérale : on ne peut que conseiller au gouvernement danois de se montrer conciliant dans l’affaire du Holstein et de maintenir son droit dans celle du Slesvig. Quant aux sentimens de l’Allemagne et de la Prusse à notre égard, nous serions injustes si nous n’en voulions pas voir l’expression satisfaisante dans les termes de l’adresse où les députés prussiens félicitent le nouveau roi, avec des protestations pacifiques, des négociations ouvertes entre la France et la Prusse pour la conclusion d’un traité de commerce.