Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 31.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de même que certains médecins se livre plus particulièrement à l’étude d’une maladie, on est arrivé à composer un vaste ensemble de documens, qui après tout peuvent être fort utiles. Il n’est pas donné à tout le monde d’accomplir une pareille tâche. Félicitons-nous encore une fois de trouver dans M. Block un observateur consciencieux et sagace, que l’habitude de manier les in-quarto administratifs a familiarisé avec les difficultés de la statistique, qui connaît l’art de vérifier les chiffres, et qui, en les divisant ou en les rapprochant avec méthode, nous épargne autant d’ennuis que de recherches. Grace à lui, nous pouvons en quelques pages condenser le résumé des informations que la statistique a publiées sur différens points qui ont appelé particulièrement, dans ces dernières années, l’attention des économistes.

En première ligne se présentent les chiffres qui concernent le mouvement de la population. Les dénombremens réguliers sont de date assez récente. On signale bien, à la fin du XVIIe siècle, une enquête effectuée par les intendans de province d’après les instructions de Vauban, qui a publié dans la Dixme royaleles résultats de ce travail ; mais l’administration ne possédait pas alors les ressources nécessaires pour obtenir des calculs exacts. Il en fut de même pendant le cours du XVIIIe siècle ; on ne produisit, à des intervalles inégaux, que des évaluations très hypothétiques. En 1791, l’assemblée nationale prescrivit un recensement général qui devait être opéré par les soins des municipalités : l’exécution de cette mesure fut entravée par les désordres révolutionnaires, et ce fut seulement en 1801 qu’eut lieu, sous la direction des préfets, le premier recensement officiel, qui constata pour la France une population de 27 millions d’habitans. À partir de 1821, le recensement a été fait régulièrement tous les cinq ans ; basé d’abord sur le domicile, ce qui laissait en dehors la population flottante, il est, depuis 1841, basé sur la résidence, et par un nouveau perfectionnement, appliqué en 1846, il s’exécute le même jour dans toutes les communes. On est ainsi arrivé à des résultats presque certains, et l’on peut avoir confiance dans les chiffres que l’administration publie. Cependant, dès que l’on veut établir des comparaisons, il faut tenir compte de la différence des précédés successivement employés sous peine de s’exposer à de graves erreurs. Par exemple, de 1801 à 1806, la population, d’après les chiffres officiels, se serait accrue de 1,785,000 habitans, soit de 351,000 par année ; c’est l’augmentation la plus forte qui ait été constatée. On, si l’on considère que cette période a été en partie remplie par la guerre, on doit se défier d’un tel résultat. Il est à supposer que le recensement de 1801, le premier qui ait été effectué, laissait de nombreuses lacunes, et que le recensement de 1806, fait avec plus de soin et d’expérience, a été plus complet. Pour être