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statistique des dépêches et la comparaison des taxes françaises avec celles des autres pays ; dans la seconde y plus spécialement technique, on fera connaître l’état actuel du matériel télégraphique et les divers appareils, plus ou moins bien imaginés, à l’aide desquels on prétend renouveler l’art de la correspondance électrique. En réduisant à leur juste valeur les prétentions des inventeurs, nous serons amené à conclure que, si l’on ne doit pas négliger les perfectionnemens qui peuvent donner aux communications plus de promptitude et de facilité, il faut cependant chercher la solution des tarifs à bon marché dans une bonne organisation du service. à ce dernier point de vue, la fusion des télégraphes et des postes permettrait d’obtenir les meilleurs résultats. Cette mesure contribuerait puissamment à faciliter une réforme désirée par le public, à populariser un moyen de communications devenu un auxiliaire puissant du commerce, et destiné bientôt à servir d’une manière plus efficace cette multitude innombrable d’intérêts privés dont la mobilité nous condamne à des agitations perpétuelles.

Les débuts de la télégraphie électrique en France ne sont pas anciens ; l’ordonnance du 29 novembre 1844 ouvrit le premier crédit qui permit de construire la ligne de Paris à Rouen. Comme les chemins de fer, les premiers fils électriques eurent dans la capitale leur centre de rayonnement. En 1846 fut opérée la jonction de Paris avec Lille et la frontière de Belgique ; en 1850, Paris put correspondre télégraphiquement avec Angers, Tonnerre, Châlons-sur-Marne. C’est alors seulement que le réseau prit un développement rapide ; il atteignit en peu de temps les quatre-vingt-six chefs-lieux de nos départemens. Ce nouveau service demeura centralisé entre les mains de l’état au lieu d’être concédé à une compagnie unique, comme en Angleterre, ou livré à la concurrence de compagnies libres, comme aux États-Unis. Les règlemens auxquels est soumise en France la correspondance télégraphique ont été modifiés jusqu’à cinq fois depuis l’inauguration du réseau.

Au début, l’on adopta en principe la proportionnalité des tarifs aux distances parcourues par les dépêches : la loi du 29 novembre 1850 statuait que pour une dépêche de un à vingt mots, ou dépêche simple, il devait être perçu un droit fixe de 3 francs, plus 10 centimes par myriamètre. Au-dessus de vingt mots, la taxe précédente était augmentée d’un quart pour abaque dizaine de mots ou fraction de dizaine excédante. Le droit fixe de 3 francs était exorbitant : on sentit bientôt la nécessité de le diminuer ; mais on conserva le droit supplémentaire, proportionné à la distance. La loi du 28 mai 1853 abaissa le droit fixe à 2 francs et ne changea rien au chiffre de 10 centimes par myriamètre. Peu de temps après, le 22 juin 1854, ce chiffre fut relevé à 12 centimes. Il fut de nouveau ramené au taux de 10 centimes