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Ces chiffres révèlent une tendance qu’il importe de signaler. Tout en servant surtout aux grandes distances, puisque le chiffre de 4 fr. 56 cent, est le prix moyen d’une dépêche simple envoyée à 256 kilomètres, les communications télégraphiques s’établissent cependant en moyenne à des distances plus rapprochées que pendant les premières années qui suivirent la création du réseau. En d’autres termes, l’usage des dépêches tend à se moins localiser dans les grands bureaux extrêmes[1]. Malgré le pas fait par la loi du 18 mai 1858 vers l’unité de taxe, l’administration a repoussé les comparaisons qu’on essayait d’établir, à ce point de vue, entre les lettres et les télégrammes. Qu’une voiture de poste parte dedans pour Marseille, le poids, le nombre et la destination des lettres qu’elle transporte n’ont aucune influence véritable sur les dépenses de l’administration. Le service postal est organisé de telle façon qu’il s’accomplit chaque jour de la même façon. À une certaine heure, les boîtes sont levées, quel que soit le nombre de lettres qui s’y trouvent ; les facteurs se mettent en route, qu’ils aient dix ou vingt lettres à porter. Les voitures de dépêches ne modifient jamais leur itinéraire. Les frais de l’administration sont donc, dans une grande mesure, indépendans de l’état quotidien et variable de la correspondance du pays. On conçoit, dans de pareilles conditions, que l’unité de taxe pût être acceptée par l’administration postale ; mais dans le service télégraphique, l’envoi des dépêches est d’autant plus onéreux qu’elles sont expédiées plus loin. Toutes les communications intermédiaires sont souvent interrompues entre les bureaux qui correspondent. Dans le service des postes, le nombre des lettres n’a en quelque sorte pas de limite ; le fil télégraphique ne peut transmettre qu’un signal à la fois. Au point de vue de l’équité, on a donc repoussé toute assimilation, et l’on a rejeté en conséquence le système de la taxe unique. S’il ne s’agissait que de justice, que de la rigoureuse appréciation

  1. Sur les 97,728 dépêches intérieures du quatrième trimestre de l’année 1858, 23,728 ont été échangées avec Paris, et 74,000 entre les villes des départemens. Paris correspond avec tous les bureaux français, surtout avec Lyon et les grands ports de commerce, Marseille, Bordeaux, Le Havre. Plus des trois quarts des dépêches parisiennes ont été envoyées à ces villes et à Lille, Rouen, Toulouse, Caen, Nantes et Reims. Les principaux centres de télégraphie départementale sont Lyon, Marseille, Le Havre, Bordeaux, Nantes, Lille, Rouen, Toulouse, Dunkerque, Montpellier, Caen et Mulhouse.