Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ouvrons les papiers d’état, examinons de part et d’autre les argumens de la diplomatie ; cette discussion nous amènera sans doute à une vue claire du sujet, et peut-être ensuite à la proposition d’une solution définitive. Aussi bien la solution est pour nous évidente depuis longtemps, et nous aurons simplement à montrer que, facilement prophète, nous avions ici même, dès les arrangemens pris en 1852, prédit plus d’une fois ce qui est arrivé depuis, et présenté à l’avance comme inévitable la solution que le lecteur, s’il veut bien suivre avec attention le simple exposé des faits, n’aura pas de peine à découvrir et à proposer de lui-même.


II

Le 4 avril 1848, quand les insurgés des duchés envoyèrent des députés à Copenhague pour demander l’union entre le Slesvig et le Holstein et leur séparation d’avec le royaume de Danemark, le roi leur répondit qu’il avait la volonté d’accorder au Holstein une constitution des plus libérales et de s’associer, pour ce qui regardait ce duché, très franchement à l’œuvre de l’unité allemande qu’on allait tenter à Francfort, mais qu’il n’avait ni la volonté ni le droit de séparer du patrimoine de la nation danoise le duché de Slesvig, qui en était une ancienne province et une partie intégrante. On accueillit sa réponse par la guerre, de concert avec l’Allemagne. Il la soutint énergiquement, de concert avec son peuple : deux millions contre quarante millions d’hommes, mais le droit contre l’injustice, le patriotisme contre l’ambition. Les paroles de Frédéric VII contenaient tout le programme du gouvernement danois ; il n’aspirait à autre chose qu’à organiser par des institutions libres, promises par le précédent roi dès avant les révolutions de 1848 et par Frédéric VII lui-même, à son avènement en janvier de cette fatale année, la monarchie danoise, composée des îles, du Jutland et du Slesvig. Le Holstein, appartenant à la confédération germanique, ne serait uni au royaume que par un lien personnel, Frédéric VII se trouvant à la fois roi-duc de Danemark-Slesvig et duc de Holstein ; la question des institutions à donner, à ce duché en particulier devait se traiter à part, avec la diète de Francfort et avec le duché lui-même. Dès le milieu même de la guerre, Frédéric VII se mit à l’œuvre : il signale 5 juin 1849 une constitution fort libérale, qui avait été discutée par les représentans du Danemark, et qui était destinée à s’étendre au duché de Slesvig. Malheureusement le Slesvig était encore au pouvoir de l’insurrection ; et l’on ne pouvait songer à lui appliquer les institutions nouvelles. Dès que les négociations avec l’Allemagne commencèrent, le, gouvernement du Danemark vit bien que ses adversaires, qui n’avaient pas sans de vastes projets secouru des sujets révoltés,