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mélange des nègres avec les aborigènes ; j’ai même tenu note exacte du nombre des enfans qui résultaient, dans un grand nombre de ménages, de l’alliance d’un blanc avec une négresse, d’un blanc et d’une Américaine, d’un nègre et d’une Chilienne ou d’une Péruvienne, d’un Américain avec sa compatriote, et enfin d’une négresse avec un nègre. Je puis affirmer que les unions des blancs avec les Américaines m’ont présenté la moyenne la plus élevée ; venaient ensuite le nègre et la négresse, enfin le nègre et l’Américaine[1]. Dans nos colonies, les négresses et les blancs offrent une fécondité médiocre ; les mulâtresses et les blancs sont extrêmement féconds, ainsi que les mulâtres et les mulâtresses. L’infériorité des Américains entre eux sous le rapport de la reproduction dépend probablement de leur peu d’ardeur mutuelle. » Ainsi, d’après M. Hombron, bien loin d’être moins fécondes que le croisement direct du noir et du blanc, les unions entre mulâtres le sont davantage. En outre, d’après cette échelle dressée par un polygéniste, le maximum de fécondité se rencontre dans des mariages qui, pour la doctrine que nous combattons, seraient autant hybridations, le minimum dans l’union entre individus de même espèce. N’est-il pas évident que ces prétendues hybridations ne sont que des métissages ? Bien plus, la fécondité de l’espèce peu productive est relevée par son croisement soit avec le blanc, soit avec le nègre. N’y a-t-il pas encore là un des caractères de métissage les plus frappans parmi ceux que nous avons signalés ?

Au reste, pour réfuter l’assertion de Nott, il n’est pas nécessaire d’aller chercher des faits ailleurs que dans son propre travail. On a vu combien sont générales et absolues ses propositions. Eh bien ! quelques lignes plus loin, tout ce qu’il vient de dire ne s’applique plus d’après lui-même qu’à la Caroline du sud. Dans le courant de son mémoire, il reconnaît qu’à la Nouvelle-Orléans, à Mobile, à Pensacola, c’est-à-dire dans la Louisiane, la Floride et l’Alabama, on trouve des mulâtres robustes qui vivent fort longtemps, des mulâtresses très fécondes et fort bonnes nourrices, etc. Alors il croit se rappeler que les états du sud ont été peuplés uniquement par des Français, des Espagnols, tous plus ou moins mélangés de sang basque. Or, comme nous le verrons plus tard, tous ces peuples sont pour lui des espèces distinctes entre elles, et surtout très différentes du seul vrai blanc, du Teuton ou l’Anglo-Saxon[2]. Il trouve donc tout simple que ces espèces à peau brune, et par conséquent moins éloignées

  1. Ainsi, sur les trois sortes d’unions fournissant la moyenne la plus élevée, deux seraient des hybridations dans la doctrine des polygénistes, et l’union entre individus de même espèce serait moins féconde que celle d’individus appartenant aux deux espèces blanche et rouge.
  2. Strictly white race I. e. the Anglo-Saxon or Teuton.