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LA
CALIFORNIE EN 1860
SES PROGRES ET SA TRANSFORMATION

La colonisation des Américains sur le Pacifique s’est accomplie loin des regards distraits de l’Europe, et l’on ne voit encore dans la Californie que le pays si tourmenté de la primitive immigration. Je m’attendais moi-même à retrouver dans l’Eldorado la loi de Lynch en permanence, et ces squatters sauvages qui, le revolver à la main, vont s’emparer du terrain d’autrui. J’ai vu un état heureux et tranquille, des routes sûres, des voies maritimes et fluviales sillonnées de navires, partout des usines et des mines en activité et un progrès industriel qui eût étonné un Anglais lui-même, partout l’agriculture florissante, et avec elle le commerce et la marine. D’autre part, le mouvement moral et social de cette lointaine contrée dépasse tout ce qu’on pouvait attendre. Avant d’entrer dans les détails de cette prospérité, avant de montrer la situation régulière et florissante qui a succédé à une situation de désordre et d’effervescence aventureuse souvent décrite ici[1], disons tout de suite quelle en est la principale cause : c’est la grande liberté laissée à l’individu, c’est l’élan spontané du citoyen et son initiative personnelle qui ont seuls produit, avec des élémens d’abord douteux, impure même, les résultats si remarquables de la colonisation du pays de l’or.


I. — LE PAYS ET SES PRODUCTIONS. — LE CLIMAT.

La Californie se présente tout d’abord comme une contrée à surface ondulée et montagneuse, mais on y rencontre aussi des plaines assez étendues.

  1. Notamment par M. Dillon dans la Revue du 15 janvier 1850, et par M. Du Hailly (15 janvier et 1er février 1859 ).