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trente-six heures au moins à l’avance les nouvelles apportées par la malle overland. Les fils du télégraphe dépassent maintenant Los Angeles, et franchiront bientôt la limite orientale de la Californie. D’autre part, le télégraphe détaché de Saint-Louis, jusqu’à plus de cent lieues de la rive droite du Mississipi, envoie les dépêches à la malle overland pendant les trois premiers jours qui suivent son départ. On calcule que, dans douze ou quinze mois au plus, la communication télégraphique sera complète entre les états de l’est et la Californie. Cette communication, depuis longtemps désirée, améliorera singulièrement la situation commerciale de la place de San-Francisco, en ce moment trop isolée de toutes les autres places des États-Unis. Espérons que la jonction de cette grande ligne télégraphique ne précédera que de peu de temps l’établissement du chemin de fer interocéanique. Cette immense voie ferrée ouvrira pour le nouvel état américain une ère de prospérité encore plus remarquable que celle qu’il traverse, et formera comme un trait d’union entre les deux Océans où se fait tout le commerce du monde.


IV. — LES PROGRÈS MATÉRIELS ET LE MOUVEMENT MORAL.

Quand on recherche les causes des progrès de tout genre accomplis en si peu de temps en Californie, on est porté à les attribuer tout d’abord à ce courage et à cette mâle vigueur dont les citoyens des États-Unis font preuve en toute circonstance ; mais on ne saurait nier que ce développement de civilisation, cet essor rapide vers le bien-être, ne soient dus aussi au régime d’initiative individuelle adopté par la démocratie américaine. Nulle part mieux que dans le travail des mines on n’a une preuve plus évidente des progrès auxquels peut atteindre la force personnelle et libre du citoyen, et il sera curieux d’opposer ce qu’une organisation des plus libérales a permis d’obtenir en Californie à ce qui existe en d’autres pays mieux réglementés.

On nomme claim la portion d’un gîte métallifère dont tout mineur californien a droit de s’emparer, si elle est libre ou inexploitée. C’est la concession que l’état accorde au mineur, et le claim devient, par le simple fait de la prise de possession, une véritable propriété. Cette propriété est transmissible par location ou vente comme tous les biens immeubles, et l’obtention n’en est sujette à aucune demande, à aucune formalité administrative. Le premier venu, pourvu qu’il ne soit pas de couleur, c’est-à-dire qu’aucune goutte de sang indien, nègre ou chinois ne coule dans ses veines, a le droit de s’emparer d’une portion de placer qui n’a pas encore été travaillée, ou qui ne l’est point depuis un délai fixé. Il a droit à une certaine étendue, mesurée en pieds, sur la longueur du dépôt aurifère, et il occupe de plus toute la largeur du gisement sur cette étendue. La longueur accordée par la loi varie suivant les comtés, car l’état reconnaît aux corporations de mineurs le droit de faire des règlemens qui ont force de