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est l’auteur de ceci, et je vais mettre ordre à ce qu’on ne pousse pas l’affaire plus loin. » Quittant aussitôt sa place, il sortit à grands pas de la chambre.

Aux communes, le débat s’était ouvert par un discours de M. Pym sur la réponse du roi, qu’il trouvait peu satisfaisante. Il proposait (et on la vota) une requête aux autorités de la ville « pour qu’elles eussent à permettre que des compagnies de milices vinssent garder les deux chambres du parlement, et qu’on garnît fortement de ces mêmes milices les rues et murailles de la Cité. » Tout d’un coup, pendant un autre discours dans le même sens, MM. Pym et Denzil Hollis furent appelés à la porte de la salle par quelques-uns de leurs gens, et une grande agitation s’établit, les députés parlant à haute voix de ce qui venait de se passer chez les lords. M. Pym, revenu à sa place, attendit que l’autre orateur, un moment interrompu, finît sa harangue, et alors, d’une voix un peu émue, à l’ébahissement de l’assistance qui l’écoutait avec avidité, il annonça que son domicile avait été violé, ses armoires et caisses mises sous les scellés, ainsi que sa chambre à coucher et son cabinet : « Autant en est arrivé, ajouta-t-il, chez M. Denzil Hollis et chez M. Hampden, ainsi que peuvent vous le déclarer ces deux honorables personnages ici présens. »

Aucun débat ne suivit cette dénonciation. Il y eut dans l’assemblée comme un seul mouvement pour déclarer que le privilège parlementaire était violé, et ordonner immédiatement que « si n’importe quelle personne, sans en avoir prévenu la chambre et obtenu ses instructions à cet égard, tentait d’arrêter ou de détenir un membre des communes, il était licite, en vertu de la protestation votée pour garantir les privilèges du parlement[1], de se mettre en défense contre icelle et de repousser la force par la force. » En fait, ce n’étaient pas seulement les privilèges exceptionnels attachés au titre de représentant de la nation qui venaient d’être foulés aux pieds. La loi commune elle-même, celle qui devrait protéger le domicile du plus humble citoyen, était audacieusement méconnue, et ceci apparaissait tellement incontestable, tellement évident, que les deux nouveaux ministres, mylord Falkland et sir J. Colepeper, présens à la séance, n’osèrent pas élever la voix contre la déclaration. M. Hyde était absent.

Restait à transmettre aux lords la décision prise. Les trois commissaires désignés à cet effet allaient partir, quand on annonça que le sergent d’armes du roi, le sieur Francis, était, masse en mains, à la porte des communes et demandait à remettre un message de sa majesté au speaker de la chambre. L’émotion de l’assemblée se

  1. Protestation solennellement rédigée et signée par tous les membres des communes le soir même du jour où Strafford avait été exécuté (12 mai 1641 ). On la verra plus loin servir de signe de ralliement et pour ainsi dire d’étendard aux parlementaires triomphans.