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si leurs services étaient requis. L’un d’eux, parlant au nom des autres, répondit qu’ils obéiraient, et ils sortirent pêle-mêle de la salle. Vinrent ensuite les gens de Southwark, offrant leurs trained bands, qu’on accepta. En tout ceci, la chambre excédait visiblement ses droits. Lever des troupes, leur donner des chefs, les armer en vue d’une guerre quelconque, sans le concours de ce qu’on appelle ici l’exécutif, c’était enfreindre la constitution. Personne ne le nie ; mais on en rejette la faute sur le monarque, qui, en tirant l’épée pour violenter la chambre, a mis celle-ci dans la nécessité de la tirer à son tour, afin de maintenir ses droits et de rester libre. Aussi ce même lundi, sans désemparer, les communes prirent-elles douze résolutions, contre lesquelles parlèrent et votèrent vainement les députés royalistes, MM. Hopton, Price, Dering et consorts. Pour les nouveaux secrétaires d’état, mylord Falkland et sir John Colepeper, je n’ai pas ouï dire qu’ils aient pris part au débat. En vertu de ces résolutions mémorables, 1° une force militaire levée dans la Cité était placée sous les ordres de M. Skippon ; 2° les officiers et soldats n’y étaient admis qu’après avoir souscrit la protestation naguère publiée par ordre du parlement[1] ; 3° leur devoir, comme celui de leur chef, était d’obéir à la chambre, nonobstant tous autres ordres ou contre-ordres ; 4° ils avaient mission de repousser par la force quiconque les attaquerait ; 5° de cette espèce d’armée, huit compagnies étaient commandées pour le lendemain matin avec huit pièces de canon, afin d’escorter l’assemblée rentrant solennellement à Westminster, etc. Toutes ces prescriptions, — et les services volontaires que chaque citoyen en état de s’armer voudrait rendre en ces circonstances, — étaient tenus pour conformes à la loi, et destinés à sauvegarder « le roi, le royaume et le parlement. »

Désormais il n’y avait plus ni voile jeté sur la situation, ni doute sur le parti pris de résister ouvertement à l’autorité royale. M. Hampden, aussi câline que d’habitude, mais cette fois décidé à tout, fit admettre la pétition que venaient présenter ses constituans du Buckinghamshire, et dans laquelle ils promettaient de « mourir aux pieds du parlement, » s’il le fallait, plutôt que de souffrir une atteinte à sa liberté. Les deux derniers actes du comité siégeant à Grocers-Hall furent de remercier le lord-lieutenant d’Irlande, qui, à la demande de l’assemblée, avait mis en non-activité le capitaine Hide,

  1. Pour le texte de cette protestation, dont il a déjà été parlé, consulter les Recollections de Rushworth, t. III, liv. Ier, p. 241. Elle avait été signée par quatre ou cinq cents membres des communes et cent six membres de la chambre haute (y compris les juges et jurisconsultes). Le serment qui l’accompagnait annonçait la résolution de maintenir la « vraie religion réformée » contre toute innovation papiste, comme aussi les pouvoirs et privilèges des parlemens, les droits légaux et les libertés des sujets.