Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 33.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE
CARAVANE FRANCAISE
EN SYRIE
AU PRINTEMPS DE 1860

DJERASH. - PALMYRE.

Il est presque téméraire aujourd’hui de mettre sous les yeux du public des souvenirs d’Orient. Qui ne croit connaître l’Orient par ses lectures, sinon par ses voyages ? Les villes du Levant sont devenues la banlieue de Marseille. En Égypte, des locomotives franchissent le désert sillonné jadis par les lentes caravanes des patriarches. Lorsque l’on pourra dire : « Il n’y a plus d’isthme de Suez, » de bons et beaux bateaux à vapeur débarqueront d’innombrables touristes au pied du mont Sinaï, et l’ascension de l’Horeb deviendra aussi facile, aussi fréquente que celle d’un pic des Pyrénées. L’envahissante Europe aura bientôt imprimé partout son caractère. Dès aujourd’hui même, le terrain semble bien limité en Orient pour le voyageur qui veut décrire un pays nouveau et raconter des aventures qui n’aient pas été déjà celles de tout le monde. Il est cependant quelques parties de la Syrie où le flot des touristes européens n’a pas encore pénétré. On a trop peu visité jusqu’ici les belles ruines romaines de Djerash, qui s’élèvent à l’est du Jourdain, derrière la montagne d’Hadjeloun. Peut-être celles de Palmyre, dans le désert au nord-est de Damas, n’ont-elles pas été présentées sous leur vrai jour. Le