Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 33.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE JAPON
DEPUIS L'OUVERTURE DE SES PORTS

I. La Chine et le Japon, mission du comte d’Elgin de 1857 à 1839, par M. Laurence Oliphant, S vol. ; Paris 1860. — II. Die Expedition in die Seen von China, Japan und Ochotsk, von Wilhelm Heine, 3 vol. ; Leipzig 1858. — III. Personal narrative of a Voyage to Japan, Kamtschatka, etc., in H. M. S. Barracouta, by J. M. Tronson ; London 1859. — IV. Correspondence with Her Majestés envoy extraordinary in Japan, 1860. — V. Introduction à l’étude de la langue japonaise, par M. L. de Rosny. — VI. Mémoire sur la Chronologie japonaise, par le même. — VII. Correspondance inédite de M. Casimir Leconte.

Lorsqu’on étudie la Chine et le Japon, ce n’est pas sans un vif étonnement que l’on mesure toute la distance qui sépare dans leurs habitudes et dans leur génie ces deux peuples géographiquement voisins. D’une part règne un esprit mesquin et chétif, sans curiosité intelligente, plein de dédain pour tout ce qui n’est pas sanctionné par ses lointaines traditions, enfantin et misérable dans les œuvres les plus vantées de sa littérature, étranger à la marche et aux progrès du monde, tout à ses petites épargnes, isolé, toujours semblable à lui-même dans les milieux bruyans où le transporte aujourd’hui son besoin d’acquérir, et qui certes semblerait condamné à s’effacer et à disparaître dans le tumulte et le choc des sociétés contemporaines, s’il n’avait pour lui deux armes qui lui promettent une large participation à l’histoire de l’avenir : son invincible patience et l’excessive supériorité du nombre. — A côté de ce peuple, séparée par un simple bras de mer et rattachée à de communes origines par plus d’un trait physique, vit une nation fière, active, intelligente. Si les bruits de son existence se sont éteints à la limite de ses rivages, si elle s’est avec tant d’opiniâtreté préservée de tout contact, ce n’était