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simplement enveloppé dans de grandes feuilles de papier de bambou ou de mûrier.

À Hakodadi, il n’est pas permis d’acheter directement les marchandises dans les boutiques ; il faut les faire transporter au bazar, qui a été institué comme entrepôt entre les marchands et les étrangers ; c’est là que se tiennent les changeurs chargés de percevoir le prix des objets achetés. Ce bazar est lui-même abondamment approvisionné. On y trouve un choix remarquable de ces porcelaines coquille d’œuf, si fameuses par leur légèreté et par la variété de leurs formes et de leurs dessins. On y vend aussi, comme à Yédo et à Nagasaki, de curieux vêtemens de papier d’écorce de mûrier. On taille sur patrons de grandes feuilles que l’on coud et que l’on gomme pour les réunir ; on les met en double, la partie supérieure est huilée et peinte en noir ou en vert, la doublure est également huilée. Les par-dessus ainsi fabriqués font un très long usage et sont imperméables.

Avant qu’Hakodadi ne vit augmenter son importance par l’ouverture de son port, la capitale de l’île de Yeso était Matsmaï, aussi appelée Matzumae, située plus à l’ouest, à l’entrée même du détroit de Sangar. Les Européens n’ont pas visité Matsmaï ; ils ont pu seulement entrevoir de la mer ses maisons, ses temples et son palais, bâtis en amphithéâtre sur des hauteurs qui bordent la côte. On dit que c’est une ville importante, qui a des princes pour gouverneurs. L’île de Yeso n’est pas tout entière occupée par les Japonais ; ceux-ci se sont bornés à jeter des établissemens sur les côtes et dans la partie méridionale ; les froides régions du nord sont abandonnées aux Ghiliacks et aux Aïnos, populations de pêcheurs qui se rattachent à la grande famille des races sibériennes et boréales.


III

Après avoir examiné ce que le Japon nous laisse entrevoir aujourd’hui de son territoire et de ses villes, il nous reste à étudier, d’après les renseignemens que nous possédons, son organisation politique, quelques-unes de ses habitudes, ses origines, sa langue et ses nouvelles relations extérieures. Le gouvernement japonais est à la fois despotique, oligarchique et féodal. On sait qu’il a deux chefs nominalement suprêmes, le micado, appelé quelquefois aussi dairi, et le tycoun ou syôgoun. Nous avons déjà vu les origines du micado et la nullité complète dans laquelle il est tombé. De fait, son pouvoir n’existe plus, et l’on ne conserve dans son titre et dans sa personne que les souvenirs de l’ancienne histoire et de la religion. Voici bientôt sept siècles que s’est accomplie la révolution qui a