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bien : le blé barbu et non barbu, l’orge à longs et à courts épis. Le procédé pour battre le blé est très simple : on se contente de frapper les gerbes sur une poutre pour dégager le grain de la paille. Le procédé de vannage n’est guère plus compliqué : les marins européens ont pu voir, du haut de leurs vaisseaux qui longeaient la côte, des femmes s’aligner en longues files sur le rivage et secouer dans des corbeilles, au-dessus de leur tête, le blé, dont le vent de la mer entraîne la légère écorce. Pour moudre les grains, on se sert quelquefois de mortiers et de pilons à main, mais plus souvent de meules mues par l’eau. La principale production du pays est le riz ; il y en a de toutes les espèces et de toutes les couleurs, depuis le jaune clair jusqu’au brun foncé, au rouge et au pourpre éclatant. Les Japonais font un très grand usage des irrigations ; ils arrosent leurs terres de façon à les rendre humides pour les ensemencer. Leur charrue consiste en une large pièce de bois attachée obliquement à un timon, et creusée à l’extrémité de façon à recevoir un morceau de fer qui sert de soc. Un bœuf ou un cheval est attelé au timon ; un homme mène l’animal, tandis qu’un autre manie la charrue. Cet instrument manœuvre assez bien dans les terrains légers et humides ; il fouille convenablement le sol, mais ne fait pas un sillon profond. Dans les terrains gras et argileux, où l’irrigation est difficile, on se sert de houes en bois dur dont le tranchant et les côtés sont garnis de fer. Après ce labourage fait à la main, on arrose la terre jusqu’à ce qu’elle soit saturée d’eau ; puis une herse munie d’une longue rangée de dents est promenée par un bœuf tenu à la corde, de façon à dessiner des sillons croisés et transversaux. Sur les hauteurs, on cultive des roseaux d’une grande espèce qui servent à faire aux maisons des toits légers et solides ; on y récolte aussi de mauvaises herbes qui servent d’engrais, et le long de la côte, surtout dans l’île de Yeso, on ramasse une algue, le fucus saccharinus, qui trouve un emploi utile dans l’alimentation des classes inférieures. Toutes les espèces de fèves, de haricots, de lentilles, les pommes de terre abondent dans l’archipel ; on y voit aussi des plantations de maïs. Du Fusi-yama à la mer et dans beaucoup d’autres parties des îles s’étendent de magnifiques plants de vignes donnant des raisins d’excellent goût, mais dont le vin serait, dit-on, inférieur à celui des raisins d’Europe. La plupart de nos fruits se retrouvent là en compagnie de la vigne : prunes, abricots, pêches, poires, pommes, figues, oranges, framboises, cerises ; mais la canne à sucre manque à l’archipel japonais, il faut aller plus au sud, jusqu’au petit groupe des Lou-tchou, pour trouver un climat convenable à cette production. On a déjà vu à quels usages sert l’écorce intérieure du mûrier : on en fabrique ce papier fort et léger qui sert à faire des paravens, des vêtemens,