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Honduras, diverses essences du Canada et de l’Australie. Le prix de revient de ces bois est assez faible pour que la marine marchande trouve elle-même avantage à s’en servir. Or tous les marchés du monde sont ouverts à la France, et de plus un traité signé en 1856 avec le roi de Siam lui donne des facilités particulières pour l’exploitation des forêts de teck, si abondantes dans ce pays. Sur la demande de M. de Montigny, le frère du roi, en faveur de qui elles constituaient un monopole, s’est engagé à favoriser par tous les moyens possibles, aux ingénieurs ou agens français, l’abatage et le débit de ces bois. La main d’œuvre étant à très bas prix (de 1 à 2 fr. par jour), on pourrait se procurer dans le pays tous les ouvriers nécessaires, et il suffirait d’envoyer de France quelques contre-maîtres pour entreprendre un système complet d’exploitation. Le gouvernement aurait ainsi des navires qui, tout en lui coûtant moins cher, seraient de plus longue durée et moins sujets aux réparations que ceux qui sont construits avec des bois indigènes. Il laisserait s’accroître nos ressources nationales pour le moment où les marchés étrangers lui seraient interdits, et favoriserait l’établissement en France d’un marché de bois exotiques où viendrait à son tour, comme cela se pratique en Angleterre, s’approvisionner la marine marchande.


III. — LES VOIES DE TRANSPORT. — LA PRODUCTION INDIGENE ET LE COMMERCE EXTERIEUR.

Le fait qui, après la production forestière, agit le plus sur l’approvisionnement des marchés et sur le prix des bois est la facilité plus ou moins grande des transports. Le bois est une marchandise encombrante, pour laquelle les frais de voiturage croissent rapidement avec la distance à parcourir, au point qu’ils ne tardent pas à couvrir et à dépasser le prix originaire de la matière transportée. Ainsi, sur une route en bon état, une voiture contenant 5 stères, qu’on paie 10 fr. par jour, conducteur compris, peut faire 40 kilomètres environ, soit 20 kilomètres pour aller et autant pour revenir ; ce qui porte le prix du transport par stère et par kilomètre à 10 centimes. À 100 kilomètres ou vingt-cinq lieues, le prix du stère se trouverait grevé d’une somme de 10 francs, qui suffirait probablement pour lui interdire les marchés de ce rayon. Si la route était mauvaise, le transport, devenant plus onéreux, ne pourrait s’effectuer qu’à une moindre distance encore. C’est ce qui explique pourquoi dans des localités souvent très voisines il y a dans le prix des bois des écarts dont d’autres marchandises n’offrent pas