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de communiquer au sol une extrême fertilité et de lui appliquer à peu près les procédés de la culture maraîchère. Près de Malines, on rencontre des prairies magnifiques arrosées par les eaux de la Senne et de la Dyle, et des terres cultivées comme celles des Flandres, mais qui se vendent à des prix encore plus élevés, c’est-à-dire au-delà de 5,000 fr. l’hectare. Enfin dans le Limbourg, du côté de Hasselt, Tongres et de Saint-Trond, sur un terrain argileux et profond s’élèvent de grandes fermes où l’on engraisse des bœufs et où l’on cultive la betterave pour les fabriques de sucre, assez nombreuses dans cette partie du pays. On arrive ainsi par des transitions insensibles à la région centrale, qu’il faut maintenant visiter.


II

La Campine nous a montré l’agriculture belge luttant contre la nature. Dans la zone favorisée que nous voudrions décrire, on voit partout au contraire la nature venir en aide au travail de l’homme. Cette région comprend à peu près toute la partie naturellement fertile du territoire belge. Quoique les terrains qui s’y succèdent appartiennent à des époques géologiques différentes et à des formations de plus en plus anciennes à mesure qu’on avance vers l’est, le sol est néanmoins composé presque partout d’une argile plus ou moins mêlée de sable, qui est singulièrement favorable à la culture du froment. Ce qui domine, c’est ce que les géologues nationaux ont appelé le limon hesbayen, parce qu’on le trouve surtout dans la Hesbaye, district très riche et abondant en grains, situé à l’occident de la Meuse, dans la province de Liège. C’est dans ce même district qu’on doit chercher également le type de la culture qu’on rencontre dans le Brabant et dans le Hainaut, de sorte que tant pour la constitution du sol que pour les méthodes agricoles on pourrait donner le nom de région hesbayenne à toute la contrée comprise entre la Cam-pine au nord, la frontière française au midi, les Flandres à l’ouest, la Sambre et la Meuse à l’est. Remarquable pour ses forces productives, cette région est en général la moins pittoresque du royaume, caractère qui lui est commun avec la plupart des terres à froment. La superficie, plissée en larges et insensibles ondulations, offre de vastes plaines nues, légèrement inclinées, aussi favorables à la croissance des moissons qu’au choc des armées. Trop souvent en effet ces champs couverts d’épis ont été arrosés de sang humain, et on traverse ici plus d’un village qui a eu le fatal honneur de donner son nom à l’une de ces rencontres fameuses où se sont joués les destins de& empires. Tout le pays dans les temps primitifs était couvert