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reliée à Cadix ; une concession de novembre 1860 est venue la relier à Madrid. Il a fallu neuf ans pour mettre d’accord toutes les rivalités, et pendant ce temps les intérêts du pays étaient en souffrance.

Aujourd’hui de riches et puissans capitalistes ont régularisé le mouvement industriel, et de tant de luttes le gouvernement ne conserve que les avantages, puisque les subventions qu’il accorde diminuent tous les jours. Il n’y a guère, il est vrai, que des capitaux étrangers, français surtout, qui se soient trouvés en présence. Les capitaux indigènes ont pris une assez petite part dans ce mouvement ; mais ils existent, et il n’y a pas lieu de s’étonner ni de s’inquiéter de leur réserve. Ils ont trouvé jusqu’ici des placemens avantageux, souvent exorbitans, sans avoir à rompre avec des habitudes qui tiennent à tout un passé et à une certaine apathie naturelle. L’état lui-même d’ailleurs offrait des placemens d’une sécurité incontestable, et dont les avantages étaient frappans. Un jour viendra, prochainement sans doute, où le crédit, se développant, mettra un terme à une pareille situation ; l’équilibre s’établira, et, les placemens industriels devenant plus lucratifs que les placemens offerts par l’agriculture ou le commerce, il en résultera un mouvement peut-être sans précédens. Les capitaux de la Péninsule abandonneront les retraites cachées où les avait relégués l’absence de confiance ; l’habitant de l’Estramadure videra ses urnes remplies de quadruples et de doublons pour jouir des bienfaits que procure le crédit.

Quoi qu’il en soit, le réseau espagnol se développe en silence. Quelques chiffres pourront donner une idée du travail effectué dans les diverses directions et de celui qui reste encore à faire :


Chemins concédés Exploités
Est et nord-est 1,697 kilom. 799 kilom.
Sud 956 308
Ligne du Portugal 461 72
Nord et nord-ouest 1,341 460
Réseau catalan 582 275
Total 4,937 kilom. 1,920 kilom.

Ainsi donc voilà 1,920 kilomètres dont le public est en pleine jouissance, et tous les jours ce chiffre augmente. Le gouvernement n’est point resté étranger à ce mouvement, car la somme des subventions qu’il a accordées ne s’élève pas à moins de 1,200,000,000 de réaux de vellon, ou 315 millions de francs environ, soit en moyenne 70,000 francs par kilomètre, payables à mesure de l’avancement des travaux. Il a permis de plus d’introduire en franchise tout le matériel que les compagnies jugeraient convenable de faire venir de l’extérieur.

Dans cet état de choses, les chemins de fer espagnols ont fait des