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REVUE MUSICALE

LES CONCERTS DE LA DERNIERE SAISON.

La saison des concerts est terminée. Il y en a eu cette année un nombre aussi considérable que les années précédentes. Les artistes, petits ou grands, ne se lassent pas de convier le public à ces fêtes passagères où ils dépensent souvent plus que du talent, et le public de son côté est toujours disposé à se rendre à l’appel d’un maître célèbre ou d’un professeur estimé qui lui promet une séance intéressante. Cependant on se plaint généralement du nombre toujours croissant de ces concerts éphémères, où le premier barbouilleur de notes venu s’accorde le privilège de vous ennuyer de ses prétentions ; mais on peut répondre à ceux qui vont se lamentant ainsi de la surabondance de plaisirs qu’on leur offre : « Qui vous force à les écouter, ces artistes que vous jugez peu dignes de votre attention ? Laissez faire, laissez passer le vrai talent à côté du bateleur, chacun trouvera sa juste récompense. Tôt ou tard le charlatan est jugé à sa valeur, et les portes mêmes de l’Institut ne sauraient prévaloir contre la vérité. » En toutes choses, je préfère les inconvéniens de la liberté aux douceurs que vous prépare la tutelle du pouvoir. J’aime mieux me tromper en agissant selon mes lumières que de ne pas faillir, conduit par la main de Minerve. D’ailleurs l’exhibition des œuvres musicales ne coûte rien à l’état. Les compositeurs et les artistes exécutans ne reçoivent d’encouragemens que du public, et lorsque par hasard le gouvernement se mêle de vouloir protéger la musique comme il protège la peinture, la sculpture et la littérature de son choix, il s’y prend si bien qu’on désire échapper le plus tôt possible aux effets de sa munificence. Il n’y a qu’à voir comment on choisit les hommes qui dirigent les théâtres subventionnés pour être édifié sur l’intelligence de l’administration qui dirige les beaux-arts en France.

Les concerts se divisent tout naturellement en deux grandes catégories : ceux qui se donnent avec le concours de l’orchestre, et les séances de quatuor