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et un sens. Dans le premier tableau, la distribution ingénieuse de la lumière, la délicatesse de l’effet répandent sur l’ensemble une grâce souriante, je ne sais quelle gaieté sereine qui affecte le regard d’une manière assez abstraite pour qu’il en résulte une sorte de sensation musicale, d’une manière assez nette toutefois pour qu’on, puisse apprécier les intentions personnelles de l’artiste et la finesse de ses calculs. Comme M. Desjobert, mais avec plus d’ampleur dans le sentiment et plus d’aisance dans la manière, M. Busson affectionne les effets radieux sans violence, les sites que le soleil éclaire avant l’heure du plein midi, les lignes plutôt calmes qu’austères, plutôt en souple contact qu’en provocation ouverte et en lutte. Les remarquables Vues des Landes qu’il avait exposées il y a deux ans annonçaient chez M. Busson une aptitude particulière à comprendre la nature dans ce sens tempéré. Cette année, un sujet à peu près semblable, le Souvenir des environs de Tartas, et deux très agréables toiles, Après les pluies d’automne et l’Été de la Saint-Martin, tiennent tout ce que promettaient les travaux précédens de l’artiste. Quant à M. Français, si nous le nommons le dernier, ce n’est nullement que nous entendions sacrifier son talent à celui de M. Busson ou à celui de M. Desjobert. Non-seulement M. Français a de plus que ces deux paysagistes une expérience déjà longue et le mérite d’avoir frayé la voie qu’ils parcourent l’un et l’autre aujourd’hui ; mais, de tous les peintres qui traitent le même genre, nous n’en savons pas un qui apporte dans l’exécution de ses ouvrages un goût plus judicieux, un plus sincère amour de l’art et de la vérité choisie. En ce sens, les trois tableaux qu’a exposés M. Français, et dans lesquels, suivant sa coutume, il a représenté, non sans en corriger finement l’insuffisance pittoresque, des sites empruntés aux environs de Paris, ces tableaux n’ont rien à nous apprendre. Ils achèvent du moins de justifier l’opinion que l’on s’est faite depuis longtemps du talent de M. Français. Aussi ne saurions-nous plus convenablement terminer cette appréciation des travaux de nos paysagistes qu’en inscrivant le nom qui personnifie les plus vrais mérites de l’école et qui en résume le mieux les progrès.

Beaucoup d’autres noms sans doute pourraient ou devraient trouver place dans une étude plus détaillée que celle-ci. S’il s’agissait d’un examen des œuvres exposées au Salon plutôt que d’un aperçu général sur les tendances que ces œuvres expriment, si l’on suivait par exemple l’ordre alphabétique adopté cette année pour le classement des tableaux, — mesure fort critiquée, soit dit en passant, mais qui selon nous a le double avantage de faciliter singulièrement les recherches et d’ôter tout prétexte aux accusations de partialité administrative, — rien ne serait plus facile que de relever