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100 d’intérêt, participant au tirage des lots et jouissant en outre d’une prime de remboursement ; — enfin plus de 63 millions d’obligations rapportant 5 pour 100 d’intérêt, mais sans lots ni primes. L’émission de ces dernières obligations n’est point comprise dans le chiffre des 200 millions premièrement autorisés ; elle n’a pour limite que la quantité même des prêts qui lui servent de garantie hypothécaire. N’étant l’objet d’aucune des faveurs destinées à faciliter l’émission des obligations à 3 ou 4 pour 100 d’intérêt, ces obligations à 5 pour 100, appelées surtout à jouer le rôle de valeurs de placement et non de spéculation, ne se négocient pas à la Bourse, et se distribuent, principalement en province, par les soins des receveurs-généraux. L’augmentation du placement de ces titres constitue une des preuves les plus significatives de la prospérité du Crédit foncier. Lorsqu’il donne, pour l’argent que le public lui prête sur ses propres titres, 3 ou 4 pour 100 d’intérêt, et qu’il en retire des emprunteurs 5,65, amortissement et frais d’administration compris, il semble qu’il bénéficie d’un excédant d’intérêt ; mais cet excédant n’est que la représentation des lots et des primes que la société doit acquitter.

Ces dernières charges avaient même paru si lourdes que le Crédit foncier obtint du gouvernement une subvention de 10 millions exigible jusqu’au placement des 200 millions d’obligations premières. En effet, l’émission des titres 3 et 4 pour 100 n’avait pu se faire sans recourir au système des tirages de lots, qui favorise la spéculation et facilite le placement hâtif des titres, mais qui n’est le plus souvent admis que dans les pays obérés ou arriérés. L’Autriche, dont les finances ne jouissent pas d’une grande prospérité, a recours à la loterie sous toutes les formes. On peut citer comme un modèle du genre l’émission des obligations de la société du Crédit mobilier à Vienne. Ces obligations ne rapportent aucun intérêt, mais participent à de fréquens tirages, où l’on gagne des lots qui s’élèvent jusqu’à deux cent cinquante mille florins ; elles sont fort recherchées et ont été émises sans aucune difficulté, même dans des circonstances critiques. Croit-on qu’il faille encourager un tel emploi de fonds, et ne vaut-il pas mieux faire circuler dans notre pays des titres qui rapportent un intérêt sérieux, suffisant pour que les vrais capitaux d’épargne les recherchent, et qui constituent des placemens de bon père de famille ? Les obligations à 5 pour 100 du Crédit foncier remplissent ce rôle à merveille, parce qu’elles composent un mode de placement en harmonie avec les anciennes habitudes du pays. Ces obligations se substitueraient très aisément aux contrats d’hypothèque eux-mêmes dont l’intérêt est également de 5 pour 100, et ce n’est que par ce moyen qu’il serait possible d’éteindre enfin la