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et aux syndicats, — à fonder avec une subvention et une garantie d’intérêt une société de crédit agricole.

En 1858, lorsqu’on a exposé ici les opérations du Crédit foncier[1], les emprunts, à long et à court tenue, et l’ouverture de la caisse de service avaient été seuls autorisés. Les prêts à court terme ne furent guère qu’un expédient transitoire nécessaire dans un moment où l’intérêt de l’argent a élevait notablement au-dessus du taux habituel, et eu par conséquent le cours des obligations du Crédit foncier faisait subir à l’emprunteur des pertes trop sensibles pour qu’il lui fût permis de contracter des emprunts à long terme. Jusqu’en 1859, presque aucun prêt à court terme n’avait été contracté. En 1859, des propriétaires de terrains non-bâtis demandèrent au Crédit foncier les ressources nécessaires pour construire, et lui empruntèrent près de 8 millions. Ces emprunts à courte échéance ont dû se convertir pour la plupart en emprunts à long terme. Depuis le traité passé avec le sous-comptoir des entrepreneurs, ce genre d’opérations a presque entièrement cessé.

La caisse de service, autorisée en 1856, a été en 1859 l’objet de deux modifications importantes : créée pour recevoir des dépôts et faire des avances sur obligations foncières, elle peut aujourd’hui employer à ces avances non plus le cinquième, mais la moitié des sommes reçues en dépôts, et il lui est permis de prêter sur tous les titres que reçoit la Banque de France elle-même comme garantie d’avances. Quant aux dépôts, le solde non employé en avances est versé en compte courant au trésor, et comme l’intérêt payé par l’état est supérieur à l’intérêt payé par le Crédit foncier aux déposans, il en résulte pour la société un bénéfice notable en même temps que la trésorerie y trouve des facilités dont l’importance n’est pas contestable, mais qui pourraient devenir dangereuses en temps de crise, les souvenirs de 1848 en font foi. Les opérations de la caisse de service ont pris une extension considérable. En 1858, le chiffre des versemens s’est élevé à 112 millions contre 81 millions de retraits. En 1859, le mouvement a été beaucoup plus fort, puisqu’à la fin de l’année le solde de la caisse (retraits opérés) montait à plus de 55 millions. Au 31 décembre 1860, après un total de dépôts s’élevant pour l’exercice entier à 358 millions, le solde des fonds non retirés n’était pas moindre de 98 millions. Quant aux avances, elles se sont élevées dans la même année à 11 millions sur obligations foncières et à 62 millions sur valeurs diverses. Au 31 décembre 1860, le solde des avances sur divers titres ne dépassait pas 17 millions. Le mouvement général de la caisse du Crédit foncier a atteint en

  1. Voyez la Revue du 1er mai 1858.