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L'ITALIE
NOTES DE VOYAGE

PREMIERE PARTIE

Qui ne s’est promis d’aller à Rome ? On attend rarement aussi tard que moi pour se tenir cette promesse ; mais, malgré l’adage vulgaire, toute vie n’est pas un chemin qui conduise à Rome, et quand il faut passer par les sentiers de la politique et le circuit des révolutions pour atteindre un but où seule l’imagination nous attire, on court risque de se retarder en route et de laisser fuir dix ou douze lustres à ne faire que rêver urbem quam dicunt Romam. Peut-être devrais-je ajouter comme le berger : stullus ego : mais enfin j’avais dans ces dernières années résolu de ne plus l’être, et à la fin de l’automne ma résolution s’est accomplie. Il est douteux qu’on se souvienne d’avoir lu ici même les notes d’un court voyage dans l’Italie septentrionale. Elles ne pouvaient avoir d’autre mérite qu’une certaine sincérité dans la manière d’être affecté par les lieux et les choses et de dire ce qu’on avait vu et ce qu’on avait senti. C’est la seule valeur encore que pourraient avoir ces nouvelles notes d’un nouveau voyage, car celui qui l’a fait et qui le raconte ne peut assez dire qu’il se range dans la classe la plus ordinaire des voyageurs. Il est curieux de tout, il parle de tout, il ne se connaît en rien. Une personne d’un esprit noble et délicat, dont les écrits trahissent avec originalité une raison sévère et une imagination gracieuse, a publié toute jeune, avant de s’élever des horizons prochains