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de sa conduite, » il lui annonça qu’il lui adjoignait le général Tsang-ki-lin-sin, mais que, s’il essayait de rejeter sur ce nouvel auxiliaire la responsabilité qui pesait encore sur lui tout entière ; il n’échapperait pas à la juste sévérité des lois de l’empire.

Tandis que l’avant-garde des forces de Taï-ping-ouang tenait en échec, à quelques lieues de Pékin, une armée nombreuse, les généraux de Hienn-foung combattaient l’insurrection dans trois provinces de l’empire : le Fo-kien, le Kiang-sou et le Ngan-hoeï.

Dans le Fo-kien, Amoy avait été repris sur les rebelles le 11 novembre 1855, à la suite d’une attaque combinée des forces de terre et de mer. La flotte impériale s’était d’abord emparée de l’île Kin, située dans la rade, et la ville avait été ensuite emportée d’assaut. Toutefois Hae-tching et d’autres places étaient restées au pouvoir de l’insurrection, malgré les efforts du gouverneur provincial Ouang-i-tih.

Dans le Ngan-hoeï, la cause tartare avait essuyé de rudes échecs. Les insurgés possédaient sur le lac Tsao, qui occupe le centre de la province, une flotte nombreuse qui s’y était rendue maîtresse de la navigation. Le 20 novembre, elle alla bloquer le port de la petite ville de Houang-tchi, qu’une bande de rebelles attaquait en même temps par terre. Après s’en être emparés, les soldats de Taï-ping se dirigèrent sur Chou-tching, qui se trouvait en ce moment sans défense, et qu’ils pillèrent. Le préfet avait quitté Chou-tching la veille à la tête de la garnison pour aller défendre la ville de Lou-tchao-fou, que, d’après une fausse rumeur, il croyait assiégée. Cette méprise lui coûta cher : l’empereur ordonna qu’il fût décapité pour avoir déserté son poste. Dans le courant du mois de décembre, la ville de Lou-tchao fut attaquée à son tour, et le gouverneur provincial Kiang-tchong-youen s’y jeta avec un faible détachement, décidé à s’y maintenir jusqu’à la dernière extrémité. Au commencement de janvier, les chefs insurgés commandant pour Taï-ping-ouang dans le Hou-pé firent passer une division de leurs troupes dans le Ngan-hoeï pour aider leurs frères à prendre Lou-tchao. Cette division, après avoir franchi les frontières des deux provinces, s’empara de Ying-san. — Le 9 janvier 1854, les rebelles dirigent une fausse attaque sur Lou-tchao du côté de la porte de l’est, tandis qu’ils mettent le feu à une mine qu’ils avaient creusée près de celle de l’ouest, et qui fait sauter près de cent pieds de murailles. Le bruit de l’explosion retentissait encore que déjà ils étaient sur la brèche ; mais là ils se trouvèrent en face de quelques soldats qui, accourus à la hâte sous les ordres du major Ma-liang-héoun, leur opposèrent une résistance désespérée. Ce dernier venait de percer de sa pique un des chefs rebelles vêtu d’une longue robe jaune, lorsque le gouverneur arriva avec quelques canons, et après une