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par Delille avait vu le jour, ainsi que les Saisons de Saint-Lambert. La poésie champêtre avait donc la vogue, et les Géorgiques patoises du bon prieur de Pardinas firent beaucoup de bruit, même à Paris. Le comte de Provence, frère du roi, se les fit expliquer, le Mercure de France en parla avec éloge. Il s’en est fait dans le pays quatre éditions, et elles ont eu en 1832 l’honneur d’une traduction en vers français. Il est peu de cultivateurs du Rouergue qui n’en sachent quelques morceaux par cœur.

Les principes adoptés pour la confection du nouveau cadastre ayant été contestés, la commission intermédiaire les avait soumis à l’Académie des sciences de Paris, qui leur donna son entière approbation. L’assemblée créa à Cahors une école spéciale d’ingénieurs géomètres ; elle appela dans son sein M. de Richeprey pour le remercier de ses services, et lui accorda en récompense une pension annuelle et viagère de 2,000 livres.

Lorsqu’elle se réunit deux ans après pour sa quatrième session, l’intendant avait encore changé ; mais cette fois tout avait tourné à l’avantage de l’administration provinciale. Autant les documens de 1782 attestent de récriminations et de luttes, autant ceux de 1784 manifestent de bonne harmonie. Le nouvel intendant, M. de Trimond, a tout à fait accepté le pouvoir de l’assemblée ; à son tour, celle-ci lui témoigne les plus grands égards, elle adopte d’avance au nom de la province l’enfant que Mme de Trimond portait dans son sein. « Ma reconnaissance, répond l’intendant, serait imparfaite, si elle ne m’inspirait le désir le plus ardent que cet enfant soit un fils, afin qu’il puisse mériter un jour, dans la place que j’occupe, la confiance du roi et les bénédictions des peuples. »

Les travaux des chemins se poursuivaient avec activité, les contributions se percevaient plus aisément, les fondations utiles se multipliaient. La grande question des mines avait fait un pas. Le gouvernement avait envoyé un inspecteur-général pour reconnaître les houillères d’Aubin et de Cransac. La présence de ce fonctionnaire ayant réveillé dans la population les anciennes terreurs, il avait fallu, pour calmer ces inquiétudes, le faire accompagner par deux délégués de l’assemblée. La commission réclamait avec instance l’abrogation des anciennes concessions, qui, embrassant la totalité des charbonnages, avaient excité une révolte, et indiquait, comme un moyen de tout concilier, une sorte de partage à l’amiable entre de nouveaux concessionnaires et les populations usagères. L’école des mines venait d’être fondée à Paris ; l’assemblée décida qu’un élève y serait envoyé avec une indemnité annuelle de 600 livres.

Les récoltes avaient été un peu moins mauvaises qu’en 1781 ; mais un nouveau fléau était venu fondre sur la province. Toutes les