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rivières avaient débordé. L’évêque de Cahors, M. de Nicolaï, s’était particulièrement distingué par sa belle conduite pendant l’inondation. La commission intermédiaire avait obtenu du roi de nombreuses décharges sur les impositions, et on travaillait de tous côtés à réparer les désastres. Aux vingt-quatre béliers flamands dont l’achat était déjà voté, on ajouta quatre-vingt-seize béliers du Roussillon, d’une race plus fine, moins exigeante, moins difficile à nourrir, par conséquent plus appropriée aux pâturages de montagnes. La plupart des troupeaux qui paissent en si grand nombre sur les plateaux du Rouergue et du Quercy reçurent alors un mélange de sang espagnol qui améliora la qualité de leur laine. La province possédait un haras depuis 1750 ; sur la réclamation de la commission intermédiaire, la garde des étalons avait été retirée à des dépositaires épars qui n’en prenaient aucun soin, et on les avait réunis dans un seul dépôt ; on résolut de joindre aux douze étalons du gouvernement douze autres, achetés aux frais de la province, et trente jumens. On s’occupa aussi de la production du mulet, qui avait été autrefois une industrie florissante.

L’assemblée, qui songeait à tout, porta son attention sur les nombreux accidens qu’amenait dans les campagnes l’ignorance des sages-femmes ; elle créa dans chaque chef-lieu d’élection un cours d’accouchement, et vota une somme de 400 livres par élection à distribuer entre les chirurgiens qui donneraient leurs soins aux malades pauvres,. Elle s’occupa aussi d’améliorer l’état des prisons. « Autrefois, était-il dit dans le rapport, les prisons étaient entretenues aux dépens du domaine royal ; sous le dernier règne, la dépense de leur entretien a été mise à la charge des villes et communautés. À cette époque, les prisons étaient déjà dans le plus mauvais état ; le délabrement s’est accru depuis par l’impossibilité où se sont trouvées les villes de fournir à de si grandes réparations, et le mal est parvenu à un tel excès qu’il serait injuste et barbare de le négliger plus longtemps. »

C’est enfin dans cette session que fut voté l’emprunt destiné aux travaux des routes. Cet emprunt devait être de trois millions en dix ans. L’on comptait qu’avec cette somme on pourrait finir les routes commencées et ouvrir quatre-vingts lieues de routes nouvelles. « Nous savons, disait le rapport, que l’emprunt est le moyen le plus dangereux qu’un administrateur puisse employer pour effectuer ses projets. Nous n’aurions aucune réponse à faire à cette objection, s’il s’agissait d’ouvrir un emprunt pour des objets indifférons à la fortune des peuples et à la vivification générale ; mais nous ne faisons que vous indiquer un moyen infaillible de hâter la prospérité du pays. En cédant à la force des circonstances, prenons l’engagement