Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/515

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
TROIS MINISTRES
DE L’EMPIRE ROMAIN
SOUS LES FILS DE THÉODOSE.

RUFIN, EUTROPE, STILICON.

EUTROPE.
DEUXIEME PARTIE.
I.

Tandis que le sinistre génie d’Eutrope agitait si violemment l’Occident[1], l’Orient était tranquille, et, il faut bien le dire, la jeune Rome ne voyait pas avec déplaisir les humiliations accumulées sur son aînée. Devant un si habile ministre, Arcadius avait passé de la peur à l’admiration, et se soumettait à lui désormais sans arrière-pensée. Eutrope gouverna dès lors la vie de son jeune maître plus despotiquement encore que l’empire. Il n’y eut pas de petit détail quotidien où ne s’étendît le contrôle de l’eunuque : audiences publiques ou privées, fêtes de la cour, lever ou coucher du prince, tout jusqu’aux moindres divertissemens était réglé à l’avance. Les jeux du cirque, pour lesquels Eutrope montrait une sorte de fureur, devinrent, par une conséquence logique, la passion d’Arcadius, et reçurent de sa présence assidue une splendeur et une vogue inaccoutumées. C’était là qu’il fallait chercher l’empereur, quand il ha-

  1. Voyez, sur la première période de la vie d’Eutrope, la Revue du 1er mars 1861.