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abondance ! Chaque année, on puise dans le sol plus de 1, 500 tonnes de naphte liquide ; mais les torrens de gaz, qui pourraient être d’une si grande utilité industrielle, s’échappent librement dans l’air. Quelques chaulburniers seulement s’en servent comme de combustible. En 1856, l’amiral russe de la station de Bakou fit construire sur l’îlot de Swoetoï un phare qui devait être alimenté de gaz lumineux par les foyers souterrains. À la vue de ce phare, M. de Baer sentit son cœur se gonfler d’orgueil patriotique. « Que diront nos amis de fraîche date, s’écrie-t-il, que diront les habitans d’Albion, eux qui voient dans l’industrie la mesure de tout progrès et qui jugent de la civilisation par la soif sacrée de l’or ? Prétendront-ils encore que la Russie est inactive dans la grande œuvre de l’humanité ? » Malheureusement pour la gloire de la Russie, à peine l’étoile de feu avait-elle commencé à briller, que le phare fut renversé par une explosion soudaine.

Si l’abaissement général du niveau de la Caspienne est une de ces hypothèses qu’il est inutile de discuter parce que les observations locales ne sont pas encore assez nombreuses, à bien plus forte raison est-il oiseux de s’arrêter à cette supposition dont parle Humboldt, et d’après laquelle la Mer-Caspienne éprouverait une succession de crues et de retraits correspondant à une période de vingt-cinq à trente-quatre ans. Avant de se prononcer, il faut d’abord établir des points de repère sur tous les rivages, étudier tous les changemens qui s’opèrent dans la forme et la direction des cordons littoraux, constater si les flots n’empiètent pas sur les terres en certains endroits, mesurer le progrès de tous les atterrissemens, distinguer dans toutes les conquêtes de la terre sur la mer la part qui revient à l’action continue des vagues, aux apports des sables par le vent, aux alluvions des fleuves. Bientôt ce dernier élément du problème sera résolu, et, grâce aux cartes excellentes qui se publient aujourd’hui, on pourra sans aucun doute déterminer exactement de combien les deltas des fleuves empiètent chaque année sur la Caspienne. Les énormes saillies du rivage qui marquent les embouchures du Volga, du Terek et du Kour prouvent que ce progrès annuel des terres doit être fort considérable, ainsi que les témoignages historiques s’accordent à l’affirmer. Le majestueux Volga, le plus grand fleuve de l’Europe, se distingue entre tous les fleuves de la Russie méridionale par le volume des apports que ses nombreuses bouches jettent dans la Caspienne. Son delta est un labyrinthe, un dédale de rivières, de fausses rivières, de canaux, de marigots, de simples fossés, les uns obstrués par des bancs de sable, les autres communiquant librement avec la Caspienne, tous serpentant dans un immense lit de boue qui n’est plus la terre et qui n’est pas encore la mer. L’eau du fleuve n’est que de la vase liquide, si bien que les pê-