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de Loménie. On peut remarquer aussi dans la noblesse M. Lerebours, président au parlement de Paris : un représentant de l’ordre de Malte, qui avait de grands biens dans la province ; le comte de Choiseul-d’Aillecourt et le marquis d’Ambly, qui furent tous deux députés aux états-généraux. Le tiers-état présentait cette particularité, que des membres de la noblesse ayant accepté les fonctions de maires avaient consenti à y figurer. Tels étaient M. de Souyn, maréchal de camp et maire de Reims ; M. de Brienne, maréchal de camp et maire de Bar-sur-Aube ; le comte de Pons, maire de Châlons. Ainsi s’effaçait tous les jours par le fait la vieille distinction entre les ordres. Parmi les autres membres du tiers-état se trouvaient M. Leblanc, correspondant de la Société d’agriculture de Paris, et M. Quatresous de Parctelaine, grand marchand de vin d’Epernay, qu’Arthur Young a visités l’un et l’autre en 1789, — le premier pour ses moutons d’Espagne et ses vaches de Suisse, le second pour ses vastes caves.

La réunion préparatoire pour les élections ayant eu lieu au mois d’août, la véritable réunion commença le 17 novembre, jour fixé pour la réunion des assemblées provinciales dans toute la France. Elle se tint dans la grande salle de l’hôtel-de-ville de Châlons, sous la présidence de l’archevêque. M. Rouillé d’Orfeuil, intendant, prononça le discours d’inauguration. L’administration des intendans s’était fort améliorée depuis l’avènement de Louis XVI, et M. Rouillé d’Orfeuil en particulier avait fait preuve de talens et de bonnes intentions ; l’archevêque lui exprima la reconnaissance de la province. Il fut donné lecture dans cette séance du règlement arrêté par le roi pour les assemblées provinciales, ainsi que de l’instruction ministérielle qui l’accompagnait. Divisé en cinq sections, ce règlement comprenait les assemblées d’élection et de municipalité ; c’était la charte complète de la nouvelle organisation. L’instruction entrait dans plus de détails encore et péchait beaucoup plus par l’excès que par le défaut des prescriptions. Le tout avait pour but de régler avec précision les relations des assemblées avec les intendans, de manière, y était-il dit, que la liberté qu’il convient de laisser à l’action de chaque partie ne puisse jamais altérer le concours et la surveillance mutuelle qu’exige l’intérêt de la province. Nous donnons ces détails une fois pour toutes, les mêmes formalités s’étant reproduites partout à l’ouverture de chaque assemblée provinciale.

L’intendant déposa en même temps sur le bureau la récente déclaration du roi pour l’entière liberté du commerce des grains, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. L’édit de 1774, rendu sous le ministère de Turgot, ne portait que sur la circulation des grains à l’intérieur ; la liberté d’exportation avait été plusieurs fois depuis donnée