Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/669

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les betteraves et les pommes de terre, cultivés en plein champ et à la quantité de plusieurs arpens, fournissent encore une ressource précieuse pour la nourriture des animaux pendant l’hiver. » Puis venaient des instructions non moins bien conçues sur l’amélioration des races de bétail, les labours à plat, la moisson à la faux, l’assainissement des terres humides, le chaulage des blés, l’usage des meules pour les récoltes, le perfectionnement de la mouture, l’extension des plantes textiles. « C’est aux riches propriétaires à donner l’exemple, disait en terminant la circulaire ministérielle ; leurs leçons seront plus utiles quand leurs essais présenteront des résultats, et ils pourront accroître leur aisance personnelle en devenant les bienfaiteurs de leurs concitoyens. »

L’archevêque-président ouvrit la session par un discours où se trouvait le passage suivant : « Une administration sage, égaie et permanente va s’établir dans la répartition des impôts. La propriété, le premier objet du code politique dans toutes les constitutions, va reconnaître un code invariable dans ses principes. Aussi doit-on s’attendre à voir disparaître cette avarice frauduleuse qui cherche à dérober à l’état ce qu’elle rougirait de ne pas accorder à ses propres engagemens, comme si l’on pouvait sans injustice et sans honte, se faire assurer jar la protection publique la jouissance paisible de sa fortune en s’affranchissant des charges de la société. Tout ce qui pouvait porter le nom d’obstacle a disparu ; tous les esprits éclairés sont d’accord sur les principes, tous les cœurs sont animés du même zèle. Je ne suis point effrayé de la variété des connaissances qui nous sont nécessaires, toutes se trouvent ici réunies ; cette assemblée est composée de tous les esprits pour faire le bien, et elle n’a qu’une âme pour le vouloir. Déjà ont disparu les querelles affligeantes qui ont tant de fois divisé les différens ordres de l’état ; on ne verra plus ces scènes de scandale où les droits, mêlés et souvent confondus avec les prétentions, étaient discutés dans le choc et le tumulte des passions. »

La commission intermédiaire, élue dans la session préparatoire, avait pu, en moins de trois mois, réunir les élémens d’un rapport sur l’état de la province. Le principal rédacteur de ce travail était l’un des procureurs-syndics, M. Lévesque de Pouilly, lieutenant-général au bailliage de Reims, fils de l’auteur de la Théorie des Sentimens agréables et auteur lui-même de plusieurs écrits historiques. Le père et le fils ont laissé un nom vénéré dans leur ville natale, qui leur doit plusieurs fondations utiles, entre autres des écoles gratuites de dessin et de mathématiques. Quand le célèbre Pitt, alors âgé de vingt-cinq ans, était venu en France après la paix de 1783 pour préparer un traité de commerce, il avait fixé sa résidence à Reims,