Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/691

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fertiles de la Beauce aux montagnes forestières du Morvan, il n’y avait pas moins de cinquante lieues, et les mœurs différaient tout autant que les conditions de sol et de climat. Chacun des pays dont la réunion formait l’Orléanais avait eu autrefois ses états ; ceux d’Orléans, entre autres, ont laissé de nombreuses traces.

Voici ce qu’on lit dans l’Histoire d’Orléans, par Symphorien Guyon, imprimée en 1647 : » L’an de salut 1509 fut réformée la coutume d’Orléans pour servir de loi à tous ceux qui dépendaient du bailliage et de la prévôté d’Orléans, et pour procéder avec mûre délibération à une réformation si importante fut faite l’assemblée des trois états du bailliage d’Orléans, clergé, noblesse et tiers-état. Tous les ecclésiastiques qui avaient droit et intérêt d’entrer dans cette assemblée y furent appelés, et leur chef, Christophe de Brilhac, évêque d’Orléans, y assista. La noblesse envoya aussi ses députés, le chef desquels était Lancelot du Lac, seigneur de Chamerolles, conseiller, chambellan du roi, qui était gouverneur et bailli d’Orléans, ayant succédé à Guillaume de Montmorency en ces deux offices. Les docteurs-régens de l’université d’Orléans[1] furent aussi appelés. Finalement le tiers-état, composé des officiers de justice, des échevins et bourgeois de la ville, de tous les autres sujets des justices subalternes du bailliage d’Orléans, ne manqua pas d’assister à cette assemblée si nécessaire, qui apporta une nouvelle forme à la coutume d’Orléans, laquelle dura en cet état soixante-quinze ans. » Une nouvelle réforme des coutumes se fit en 1583, mais cette fois les gens des trois états ne furent pas les seuls à y procéder ; Achille de Harlay, premier président au parlement de Paris, et deux conseillers au même parlement avaient été envoyés par Henri III en qualité de commissaires royaux, et ne consultèrent les états que pour la forme.

Le duc de Montmorency-Luxembourg, nommé par le roi président de l’assemblée provinciale de l’Orléanais, possédait de grands biens dans le Gâtinais et la Puisaye. Il avait fait partie de l’assemblée des notables comme second pair de France et premier baron chrétien. Nommé en 1789 président de la chambre de la noblesse aux états-généraux, il fut de ceux qui combattirent le plus vivement la réunion au tiers-état ; un ordre exprès de Louis XVI put seul le contraindre à céder ; il se le fit même répéter plusieurs fois avant de l’exécuter, et donna presque aussitôt sa démission pour se retirer en Portugal. Il n’avait pas eu la même répugnance pour l’assemblée provinciale, qu’il présida très exactement. Le duc de Croï, qui avait montré le

  1. Cette ville avait alors une université qui attirait, dit-on, jusqu’à 5,000 écoliers. L’illustre Pothier a été un des derniers professeurs de cette université, qui n’existait plus de fait en 1789.