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qu’il recherchait l’autre. L’abbé Louis fut moins inactif ; membre du bureau des comptes, il y travailla sérieusement, montrant cet esprit calculateur et positif qui devait faire dire de lui par M. de Talleyrand qu’il serait financier jusqu’au dernier soupir.

Mais celui qui fait tout, qui anime tout, qui se multiplie en quelque sorte, c’est Lavoisier. Son nom reparaît à chaque instant. Le plus important de ses travaux est un rapport sur l’agriculture, lu dans la séance du 1er décembre 1787, Il serait impossible, même aujourd’hui, de mieux approfondir ce grand sujet. L’auteur connaît parfaitement l’état de l’agriculture anglaise au moment où il écrit, et il en parle en termes excellens. Il insiste principalement sur l’état de la Sologne, et ce qu’il en dit est si juste qu’on y trouve à la fois le germe des progrès obtenus jusqu’à ce jour et l’indication de ceux qui restent à accomplir.

Parmi les décisions particulières à l’assemblée de l’Orléanais, on doit citer l’idée première d’une caisse d’épargne du peuple, qui devait être en même temps une caisse de retraite. Un publiciste du temps, Mathon de La Cour, dans un ouvrage ingénieux ayant pour titre Testament de Fortuné Ricard, maître d’arithmétique, avait présenté plusieurs exemples frappans de la puissance des intérêts composés. Un autre écrivain, M. de La Roque, y joignant des études sur les tables de mortalité, avait eu la pensée de caisses de retraite pour le peuple au moyen de faibles placemens dans la jeunesse et l’âge mûr. Le bureau du bien public proposa de créer une pareille caisse à Orléans sous les auspices de l’assemblée provinciale et de la Société philanthropique. L’assemblée nomma des commissaires pour préparer les moyens d’exécution, et, parmi eux, l’infatigable Lavoisier.

Une autre commission, dont Lavoisier devait encore faire partie, fut chargée de rédiger un mémoire pour demander au roi que tous les secours recueillis pour le soulagement de l’indigence fussent réunis dans la main de l’assemblée. On s’occupa avec sollicitude du sort des enfans trouvés. Un édit récent venait de rendre les droits civils aux protestans ; on voulut y joindre des droits politiques. Le baron de Montboissier lut un mémoire sur l’admission des protestans dans les assemblées provinciales. Cet ouvrage, dit le procès-verbal, rempli d’excellentes vues, a excité les plus vifs applaudissemens. Le commerce et l’industrie ne furent pas oubliés ; on demanda l’abolition de tous les règlemens qui gênaient encore la liberté du travail, et entre autres des droits de péage perçus à l’intérieur du royaume. « Nous n’insistons pas sur ce sujet, dit le rapport, parce que nous savons que le ministère s’en occupe. » Le projet d’une caisse d’assurances mutuelles pour les récoltes donna lieu à un examen approfondi.