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fatigue, et on arrive au terme sans avoir ressenti trop de secousses, sans que l’ardeur du soleil ait eu le temps de trop échauffer votre teint et la poussière du chemin de trop ternir la fraîcheur de votre toilette, tout disposé pour le souper qui vous attend.


EMILE MONTEGUT.


ESSAIS ET NOTICES.
LA PRESSE PERIODIQUE DAXS LES ETATS SCANDINAVES.

La publicité retentissante des temps modernes a fait de la presse périodique le plus sincère écho de l’esprit public chez tous les peuples de l’Europe. Que l’esprit public soit dans le droit chemin ou qu’il soit dévoyé, qu’il obéisse à une généreuse ardeur ou qu’il subisse un abaissement temporaire et funeste, la presse périodique enregistre ses triomphes et ses défaites, ses abaissemens et ses erreurs ; elle reflète son éclat ou s’efface avec lui. Elle peut, il est vrai, réagir puissamment contre ses fautes, mais alors même et plus que jamais elle les atteste et en porte témoignage. Aux progrès de l’esprit public se mesure dans les temps modernes le degré de civilisation d’un peuple, d’où il suit qu’au développement de la presse périodique peut se mesurer, dans les conditions de publicité qui ont été faites à notre temps, l’activité intellectuelle et morale d’une race ou d’une nation.

Les pays du Nord Scandinave ont en cela suivi l’exemple des autres pays de l’Europe; après avoir eu au XVIIIe siècle quelques recueils littéraires semblables au Spectateur anglais de la même époque, essais timides encore, mais qui annonçaient déjà une période de publicité triomphante, ils n’ont vu s’ouvrir véritablement pour eux cette époque nouvelle qu’à partir du jour où ils se sont trouvés en possession de leur propre gouvernement. On sait de quel pas rapide et sûr ils se sont avancés dans la carrière politique. Il a suffi à la Norvège de faire consigner et reconnaître en 1814 des libertés qu’elle pratiquait depuis plusieurs siècles, et qui faisaient partie intégrante de son génie. La Suède avait trop souffert de l’absolutisme sous l’héroïque, mais imprudent Charles XII et sous l’insensé Gustave IV pour ne pas être bien préparée aux libertés constitutionnelles que devait lui apporter le changement de 1809. Si le Danemark enfin a dû attendre jusqu’au mois de janvier 1848 la promesse solennelle d’une telle forme de gouvernement, il n’en a pas moins montré, par le bon usage qu’il en a su faire, qu’elle convenait à son esprit de modération et de sagesse pratique.

Aussi la presse périodique ne manque-t-elle, au point de vue politique, ni d’élévation ni d’activité et de force chez les trois peuples scandinaves. L’Aftonblad ou Feuille du Soir, de Stockholm, fondé le 10 décembre 1830 par M. Lars Hjerta, et qui est tiré à près de sept mille exemplaires, est devenu un des grands journaux européens. Dévoué à la cause libérale, il a soutenu avec un entier succès la lutte contre la Gazette suédoise (Svenska Tidning), à laquelle a succédé depuis quelques années le Nouveau Journal