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REVUE DES DEUX MONDES.

l’homme est fait pour la famille, pour la société, et celui qui ne veut pas vivre comme les autres, celui qui n’a pas le goût des choses raisonnables… Je ne vous dis que cela, monsieur Durand, je ne vous dis que cela, et souvenez-vous de ce que je vous dis ! (il sort.)


Scène III.

Durand, seul.

En voilà une kyrielle ! Faut-il que j’aie de la patience ! Mais il faut bien endurer quelque chose avec un homme en cheveux blancs, quand on est plus jeune d’une dizaine d’années et qu’on n’en a pas, de cheveux blancs. Ne dirait-on pas que c’est demain matin que je vais devenir cacochyme, que je dois me presser de chercher un bâton de vieillesse ? Eh ! allez vous promener avec vos sermons ! Avant de prendre un parti, il faut bien au moins que je consulte mon monde, mes parens, mon entourage, Louise même, Louise surtout, qui est nécessaire au repos et au bien-être de ma vie. Si elle craignait d’être rudoyée par une maîtresse acariâtre ? Louise s’est dévouée à moi, toujours, en toutes choses, jusqu’à mordre à la science pour m’être utile. Quelle autre eût eu ce bon sens et cette générosité ? (Regardant sa collection.) Quand je pense qu’une femme ignorante et taquine pourrait jeter tout cela par la fenêtre et me forcer à m’occuper de ses chiffons, vouloir me mener au bal !… Mais où donc est Louise ? Elle est peut-être malade !… Et ce drôle de Jean Coqueret, pourquoi n’est-il pas là ? (Appelant.) Coqueret !… Coq…


Scène IV.

DURAND, COQUERET.
Coqueret.

Voilà, monsieur ! Bonjour donc, monsieur ! Monsieur est revenu ?

Durand.

Apparemment… Bonjour, mon garçon. Où est Louise ?

Coqueret.

Très bien, monsieur. Et vous-même ?

Durand.

Je te parle de Louise !

Coqueret.

En vous remerciant, monsieur ! Et vous pareillement ?

Durand.

Quand tu auras fini tes salamalecs, tu me répondras peut-être. Je te demande où est Louise.