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LE PAVÉ.

Louise, sévère.

Alors tu n’as plus d’amitié pour moi ; c’est fini ?

Coqueret.

Pourquoi est-ce que j’aurais de l’amitié pour quelqu’un qui me déteste ?

Louise.

Tu ne dis pas ce que tu penses. Nous avons été élevés ensemble, et tu sais que je t’aime beaucoup ; mais je ne peux pas t’épouser. Ça ne dépend pas de ma volonté… Allons !…

Coqueret.

Tu mens ! tu n’as plus ni mère, ni parens, ni rien ! tu ne dépends que de la volonté de monsieur, qui fait tout ce que tu souhaites, et si… (On sonne encore.)

Louise.

Allons, tu ne veux pas obéir. J’y vais, moi ! (Elle sort.)


Scène IX.

Coqueret, seul.

C’est comme ça ? Elle ne m’aime point ? C’est donc qu’elle en aime mieux un autre ? Quel autre ? Elle n’en connaît guère d’autres que moi ; elle ne sort point, je ne la quitte point, je suis bien sûr que personne ne lui en conte ! Alors c’est que je lui déplais, je suis trop sot pour elle ! Ah ! si je m’écoutais… (Il prend le marteau de M. Durand.) Je me casserais… (Menaçant les collections.) tout ce qu’il y a ici ! Oh ! oui-da ! non ! ça ferait trop de chagrin à monsieur ! et si je me fendais la tête, ça le contrarierait ; un si brave homme ! En voilà un homme ! C’est pas lui qui dirait : C’est bien fait. Il serait dans le cas de me pleurer, et s’il savait la peine que j’ai, il commanderait à la Louise de m’aimer. Eh bien !… ma foi, c’est ça ! Je vais lui dire la chose comme elle est. Bon, le v’là ! je vais lui dire,… et tout de suite. Ah ! bien oui, mais !… j’ose pas !


Scène X.

DURAND, COQUERET.
Durand, à la cantonade.

Non, non, ma fille, je ne veux pas manger davantage, ce n’est pas mon heure… Envoie-moi le café ici. (Haut à Coqueret.) Ah ! tu es là, toi ? Pourquoi ne viens-tu pas quand je sonne, au lieu d’envoyer Louise à ta place ? C’est elle qui prend toute la peine !