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REVUE DES DEUX MONDES.

Durand, avec dépit.

Dis que j’irai.

Coqueret, à la fenêtre, criant.

Monsieur ira. (Revenant, à part.) Il faut que je me dépêche de lui parler, puisqu’il va sortir. (Haut.) Monsieur… (À part.) Il ne m’écoute pas, il lit dans son journal. (Haut.) Monsieur, vous êtes un bon maître,… un homme d’esprit,… un grand savant… (À part.) Il ne m’entend pas du tout ! Je vais me plaindre un peu. (Il fait de grands soupirs.)

Durand.

Eh bien ! qu’est-ce ? Tu as mal aux dents ?

Coqueret.

Non, monsieur, c’est dans le cœur.

Durand.

Bah ! c’est la croissance.

Coqueret.

Non, monsieur. Monsieur me prend toujours pour un enfant ; j’ai vingt-deux ans et demi passés.

Durand.

Tiens ! c’est possible au fait. Eh bien ! qu’est-ce que tu sens au cœur ? des élancemens ?

Coqueret.

Oui, monsieur, ça me pique, ça me brûle et ça me poignarde !

Durand.

Il y a quelque temps que tu éprouves cela ?

Coqueret.

Il y a déjà quelque temps, oui, monsieur.

Durand.

C’est quand tu te fatigues ?

Coqueret.

Non, monsieur, c’est quand je pense à la Louise.

Durand, tressaillant.

Ah ! oui-da ! vous vous permettez d’aimer Louise, monsieur le drôle !

Coqueret.

Bon ! il a deviné ça tout de suite, ça va bien !

Durand, tremblant de colère.

Répondez, faquin ! Vous…

Coqueret, effrayé.

C’est pas moi, monsieur, c’est elle.

Durand.

Comment, c’est elle ? Qu’osez-vous dire là !