Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/830

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
828
REVUE DES DEUX MONDES.

mériterait plus de nous tant d’estime et de respect. Va vite, et ne crains rien ! Je t’aime, mon bon Jean ! je t’aime de tout mon cœur !

Jean.

Oh ! merci, merci, ma Louise. (Il sort.)


Scène XIX.

Louise, seule. Elle va pour entrer chez Durand.

Tiens ! pourquoi donc a-t-il ôté sa clé ? Il ne l’ôte jamais. Il sait bien que personne n’entrerait chez lui sans frapper. Est-il malade qu’il s’est enfermé comme ça ? (Elle frappe.) Monsieur, c’est moi, Louise ; il ne répond pas, il ne bouge pas, il dort peut-être… Dormir dans le jour, ce n’est pas sa coutume. Il n’aime pas ça. Il faut donc qu’il soit bien fatigué ? Cela m’inquiète ! S’il a entendu ce que nous disions… Non ! on n’entend pas de sa chambre à moins de se mettre tout près de la porte, et monsieur n’est pas homme à écouter comme ça ! Et d’ailleurs Jean n’a dit sur lui que de bonnes paroles,… des paroles que je veux lui dire à lui-même… Aurai-je ce courage-là ? Il souffrait tant tout à l’heure ! Ah ! il souffrait bien, puisqu’il était méchant ! Pauvre homme, mon Dieu ! je ne sais plus que faire !… Est-ce que… mais oui ! il a repris son fusil ! Qu’est-ce qu’il avait besoin d’emporter son fusil dans sa chambre ? Bah ! je suis folle !… J’aurais bien entendu !… Pourtant j’ai été un peu loin pour chercher Jean. Du temps que je courais, il aurait pu… (Appelant.) Monsieur ! monsieur ! (Elle frappe.) Pas de réponse ! Ah ! ça me fait une peur que j’en deviens folle ! Monsieur !…


Scène XX.

DURAND, LOUISE.
Durand, un livre à la main.

Eh bien ! qu’as-tu donc ? Est-ce que le feu est à la maison ?

Louise, confuse.

Mon Dieu, monsieur, excusez-moi, je me figurais… Je pensais que vous dormiez !

Durand.

N’ai-je pas le droit de me reposer, et faut-il me faire un pareil vacarme ? Que veux-tu ? à qui en as-tu ?

Louise.

C’est que… comme vous dînez en ville…