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sur les feuilles. La noix de galle, d’un emploi très répandu en teinture, est produite par la piqûre d’un insecte appelé cynips, qui pond ses œufs dans les bourgeons du chêne. En se développant, le bourgeon piqué donne naissance à cette petite noix sphérique qui renferme des principes colorans, et qu’on récolte vers le milieu de juillet.

Tous les insectes ne vivent pas indifféremment sur tous les arbres; ils ont leurs essences de prédilection, et ne s’adressent à d’autres que poussés par la faim. Les bois résineux souffrent beaucoup plus de leurs ravages que les bois feuillus, parce qu’une fois leurs aiguilles tombées, ils meurent infailliblement; la perte des feuilles dans les derniers, à moins qu’elle ne se répète plusieurs années de suite, n’est pas mortelle et n’occasionne qu’un simple arrêt dans la végétation.

De tous les arbres, le plus menacé c’est le pin. Depuis sa naissance jusqu’à sa mort, il est entouré d’ennemis. Dans sa jeunesse, c’est la larve du hanneton qui mange ses racines; c’est l’hylobe, coléoptère long de 2 centimètres environ, armé d’une trompe cornée, qui ronge l’écorce du jeune plant; c’est l’hylésine, qui perfore les nouvelles pousses, y creuse une galerie de bas en haut et les fait sécher; puis viennent les chenilles, et malheureusement elles sont nombreuses, les espèces qui dévorent cette essence : ce sont les noctuelles, les pyrales, les bombyx pinivores, les liperis, d’autant plus dangereuses qu’au lieu de commencer par l’extrémité des aiguilles, elles les coupent à la base, faisant ainsi tomber aussitôt la partie supérieure; c’est enfin la plus terrible de toutes, le lasiocampe du pin. A l’état parfait, c’est un papillon nocturne, au vol lourd et pesant, aux ailes brunes ; la chenille est tachetée de noir, de rouge et de blanc, et armée de poils venimeux dont le contact avec notre épidémie suffit pour causer des inflammations. La femelle pond en moyenne deux cents œufs, qu’elle dépose sur l’écorce des arbres, à l’aisselle des branches, par tas irréguliers de cinquante environ. Après l’éclosion, qui se fait en été, les jeunes chenilles grimpent au sommet de l’arbre et y restent jusqu’au commencement de l’hiver, époque où elles s’enfouissent en terre pour reparaître au printemps et se transformer en nymphes au mois de juillet. Ces chenilles se multiplient rapidement et sont très mobiles; elles passent d’un arbre à l’autre malgré les obstacles qu’elles peuvent rencontrer, voyagent en colonnes serrées à de très grandes distances, et leurs ravages s’étendent parfois sur des forêts entières. C’est ainsi qu’en Allemagne, de 1791 à 1793, une invasion de lasiocampes détruisit 23,000 hectares de forêts et n’y laissa aucune trace de végétation. Lorsque les pins attaqués par cette masse d’ennemis