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et dans nos champs. Nous ne pouvons empêcher les Italiens de se livrer à cet absurde plaisir national : ils sont trop légers pour en apprécier les conséquences ; mais il serait digne du brave caractère allemand de montrer d’autant plus de sollicitude pour les petits oiseaux qu’ils sont poursuivis dans le sud avec plus d’acharnement. »

Pour compléter l’inventaire de la richesse ornithologique de nos forêts, il nous reste à parler des oiseaux de chasse, de ceux qui comme gibier ont une certaine importance au point de vue alimentaire. Nous avons en première ligne le coq de bruyère; ce bel oiseau, de la taille d’un dindon, d’un plumage noir à reflet bleuâtre, habite les forêts résineuses des hautes montagnes. Il est devenu fort rare en France, où l’on ne le rencontre plus aujourd’hui que sur quelques points des Vosges, du Jura, des Alpes et des Pyrénées. Des tentatives de multiplication cependant ont été faites avec un certain succès par quelques gardes et agens forestiers du département des Vosges, et ces efforts ont été récompensés par la Société d’acclimatation. Doué d’une vue perçante, d’une ouïe très fine, le coq de bruyère est ordinairement fort difficile à approcher; mais pendant la saison des amours, qui pour lui dure soixante jours, il semble ne plus connaître le danger. Perché soir et matin sur la cime la plus élevée d’un sapin, il lance dans l’espace son chant strident et étendu par lequel il appelle à lui les poules du voisinage. Il est à ce moment si aveuglé par l’amour que le chasseur peut s’en approcher facilement et le tuer à coup sûr. Sa réputation comme gibier est peut-être surfaite, et sous ce rapport il doit céder le pas au faisan. Originaire de la Grèce, celui-ci s’est propagé chez nous accidentellement; ce sont quelques couples échappés des parcs qui ont engendré tous ceux que nous possédons, et qui, à l’état libre, hantent les forêts de plaine humides et fourrées. Dans certaines grandes propriétés, notamment dans presque toutes les forêts affectées à la dotation de la couronne, il existe des faisanderies, c’est-à-dire des établissemens spéciaux où l’on élève ces oiseaux; on en fait couver les œufs par des poules ordinaires, et on lâche les petits dans des enceintes réservées d’où ils s’échappent rarement. Habitués à y trouver leur nourriture, ils ne vont pas chercher au dehors une pâture incertaine. C’est dans ces parcs, auxquels on donne le nom de tirés et qui ont parfois 2 ou 300 hectares, qu’on vient les chasser, en se servant de rabatteurs, qui les amènent vers les tireurs.

A côté de ces deux espèces principales, il en est quelques autres également estimées. Ce sont les gelinottes, un peu plus petites que nos poules, et qui fréquentent les forêts peuplées de bois résineux et de bouleaux; les bécasses, qui deux fois par an, en automne et au